CO N°1311 (09 septembre 2023) – Afrique – Impérialisme français ou militaires putschistes, une impasse pour les peuples

La présence française est contestée dans la région du Sahel, au sud du désert du Sahara.

Il y a plusieurs mois, des manifestations populaires hostiles à la France ont éclaté au Mali et au Burkina Faso. La France avait préféré envoyer ses 1500 soldats au Niger. Mais dans ce pays, depuis le coup d’État du 28 juillet dernier, des milliers de manifestants encerclent régulièrement la base militaire française à Niamey, la capitale du Niger, pour exiger le départ des troupes françaises. Certains crient « À bas la France ! France dégage !… ». Des drapeaux de la Russie, rivale des occidentaux, sont brandis dans les cortèges.

La présence française en Afrique est un héritage de la conquête coloniale. Après avoir conquis par la force et les massacres une partie du continent, la bourgeoisie française a spolié des millions d’Africains et en a condamnés aux travaux forcés. Le Niger, ainsi que les autres pays de l’ex-empire colonial français, sont officiellement indépendants depuis les années 1960 mais l’État français s’y maintient militairement pour défendre les intérêts de ses multinationales. Ces dernières, à l’exemple de Total

Energies ou Orano (ex-Areva) pillent les ressources naturelles et minières du continent (uranium, cobalt, or, argent…) laissant des populations dans un total dénuement.

Le Niger fournit de l’uranium aux centrales nucléaires occidentales mais reste l’un des pays les plus pauvres du monde où la majorité de la population est privée d’électricité. Les putschistes n’ont donc eu pas trop de mal à faire descendre la population dans la rue avec des slogans anti français.

Comme ses prédécesseurs, Macron défend bec et ongles la présence des troupes françaises et manœuvre pour garder la mainmise avec un paternalisme et un mépris sans nom.

Ce n’est pas parce que des militaires hostiles ont pris le pouvoir que la bourgeoisie française renoncera à son pré carré  africain même si elle connaît à l’heure actuelle quelques difficultés. L’État français est capable de toutes les manœuvres y compris de négocier avec les militaires putschistes. Il peut corrompre par l’argent beaucoup de clans, comme il l’a toujours fait. Les grands discours sur la protection de la démocratie ne sont que fumisterie.

Quant à la population en colère, elle a tout intérêt à ne pas se faire d’illusions sur les militaires qui jouent aux anti-français et veulent se faire passer pour des sauveurs suprêmes. Nombre de ces militaires se sont eux-mêmes enrichis sur le dos de la population pauvre en participant à des gouvernements corrompus soutenus par la France. Ce ne sont pas les militaires putschistes qui les protégeront contre les méfaits de l’impérialisme. Bien au contraire. L’émancipation réelle des travailleurs africains et des pauvres viendra de leur lutte, indépendante tant de l’impérialisme français que des autres puissances qui veulent le remplacer. Elle devra être tout aussi indépendante des militaires putschistes tout aussi corrompus.

Il faut que se créent en Afrique des partis ouvriers révolutionnaires, ainsi qu’au sein des grandes puissances.