Les opérations « Bwa kalé » (la traque) contre les gangsters ont diminué en nombre durant le mois d’août. Ces derniers, après s’être cachés, ont fait un retour en force dans les quartiers de la capitale qu’ils contrôlent avec la complicité de la police et du gouvernement.
Samedi 26 août, des centaines de fidèles d’une église protestante ont pris la route pour aller déloger le gang qui, dans le bidonville de Canaan, contrôle la sortie Nord de Port-au-Prince. Ils ont répondu à l’appel de leur pasteur qui dans ses prêches les avait convaincus qu’ils étaient sous une protection divine et donc promus à une victoire certaine. Ainsi, ils sont partis affronter les gangsters avec quelques machettes, des gourdins et la plupart à mains nues.
Le pasteur ne les avait pas préparés à affronter des gangsters armés, organisés. Il n’avait pas prévu de demander une collaboration des habitants du quartier dont certains auraient bien voulu, eux aussi, chasser les gangsters. Connaissant leur quartier, ils auraient pu guider cette troupe dans les dédales du bidonville.
Faute de cette préparation, les manifestants se sont retrouvés impuissants face aux armes des gangsters et se sont faits massacrer, le bilan de cette tuerie n’est pas connu.
Cette opération montre qu’il y a des femmes et des hommes de la population pauvre qui sont prêts à se battre pour sortir de la domination imposée par les gangs depuis des années. Cette fois, ils n’ont pas réussi du fait de la confiance et des illusions accordées à un pasteur.
« Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni César, ni tribun, producteurs sauvons nous nous mêmes » nous dit « L’Internationale ».
Cela a été appliqué par les habitants de certains quartiers avec l’opération « Bwa Kalé ». Là où cela était possible, ils se sont armés et organisés eux-mêmes pour balayer les gangsters qui ne sont forts que devant une population soumise. Dans ces quartiers la population a pu souffler pendant quelques semaines, elle a montré la voie.
Le renforcement de la police ou l’intervention militaire demandés par le gouvernement de Ariel Henry ne feront pas disparaitre la nécessité pour les pauvres de s’armer pour se libérer eux-mêmes.