CO N°1318 (30 décembre 2023) – Martinique – Toute notre sympathie fraternelle à Marie-Hellen

Nous avons appris avec tristesse, le décès du père de notre camarade Marie-Hellen Marthe-dite-Surrely, au terme d’une longue maladie. Dans cette épreuve, nous soutenons notre camarade Marie-Hellen, combattante infatigable aux côtés des ouvriers de la production agricole.

Car le décès de Victor Marthe-dite-Surrely son père, est l’occasion de rappeler qu’il s’agit là également de combat. Et quel combat que celui-là ! Celui de la lutte des ouvriers agricoles contre l’empoisonnement au chlordécone, et la reconnaissance de tous les droits afférents.

Car le père de Marie-Hellen, lui aussi ouvrier agricole, a vécu cet enfer qu’est de travailler dans les bananeraies dans une exposition permanente à un cocktail de pesticides violents : insecticides, fongicides, nématicides, herbicides etc. sans protection.

Il n’y a pas bien longtemps, dans un article de presse, Marie-Hellen, pour illustrer le danger encouru par les ouvriers, déclarait : « J’ai vu plusieurs collègues mourir de cancer. D’autres développer des maladies neurologiques ou du foie ».

Dans ce même article d’avril 2021, elle rappelle qu’elle est la fille d’un père ouvrier agricole : « il a travaillé dès son adolescence, et a grandi au milieu des bananeraies. Aujourd’hui à 75 ans on lui a déjà diagnostiqué un cancer de la prostate, une leucémie, une insuffisance rénale et la maladie d’Alzheimer. »

Son père lui aussi a été exposé, comme tous les ouvriers des exploitations agricoles, des années durant à ce cocktail de produits toxiques que sont le : Counter, Mocap, Némacur, Round-up, Curlone, Témik.

Tous ces produits sont criminels, bien qu’étant bien identifiés dans la Convention Collective des Exploitations Bananières de 1986. Le crime est qu’ils n’ont jamais été l’objet ni d’interdiction par l’administration, ni de recherche ni de suivi par la médecine du travail, sur leurs effets sur la santé des ouvriers. D’ailleurs, depuis peu ils ont été retirés de l’usage !

Avant son décès, le père de Marie-Hellen a constitué un dossier de reconnaissance qui a été déposé, avec la contribution de l’Association Phyto-Victimes, devant le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides, afin de faire reconnaitre le lien entre la maladie et les pesticides. La famille est en attente d’un avis.

Aujourd’hui, Marie-Hellen porte en terre un père, certes, mais ce qui reste vivant, c’est qu’elle gardera le souvenir d’un homme qui a su jusqu’au bout de sa vie, garder le front haut. Et c’est de cet héritage qu’elle s’inspire, dans ses combats quotidiens.