CO N°1320 (27 janvier 2024) – États-Unis – Martin Luther King : portée et limites

À l’époque de Martin Luther King, la préoccupation des autorités américaines était avant tout de désamorcer la mobilisation grandissante des Noirs sans mettre fin au racisme qui imprégnait tout l’appareil d’État. Des lois reconnaissant l’égalité pour les Noirs furent votées. Mais uniquement parce que la bourgeoisie craignait pour l’ordre établi.

Les Noirs purent constater que cette nouvelle législation n’empêchait ni le racisme ni les inégalités et que le rêve de Martin Luther King ne se réaliserait pas pacifiquement. Des organisations noires plus radicales étaient déjà apparues, autour de Malcolm X (qui fut assassiné en 1965), le Black Power ou les Black Panthers, qui rejetèrent la non-violence au profit de la lutte armée. Les foyers de luttes se déplaçaient du Sud vers les ghettos noirs des grandes villes industrielles du Nord.

Martin Luther King réprouvait ces émeutes qui se multipliaient. Toutefois, il essaya de s’adapter à cette évolution en s’installant à Chicago en 1966 et en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté. Il dénonçait alors les « capitalistes occidentaux investissant des sommes énormes en Asie, Afrique et Amérique latine uniquement pour en tirer des profits au  détriment  de ces pays. »

Et c’est bien là qu’est la source du problème : le système capitaliste, basé sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme et l’enrichissement d’une poignée de capitalistes au détriment de toute l’humanité.

Le racisme a été créé pour justifier la mise en esclavage de millions de Noirs. Aujourd’hui le racisme conforte la mainmise et l’enrichissement d’une bourgeoisie blanche sur toute la planète. Si le racisme a pris des formes si violentes aux États-Unis après l’abolition de l’esclavage en 1865, c’est pour terroriser les Noirs et maintenir leur exploitation. La bourgeoisie américaine en tire profit jusqu’à aujourd’hui. Dans la première puissance capitaliste mondiale, des millions de Noirs constituent une part importante de la classe ouvrière. Les Noirs sont parmi les plus exploités, les plus opprimés, les plus pauvres, les plus emprisonnés du pays.

Mais cette situation crée un foyer de tension permanent qui menace d’exploser à tout moment. La bourgeoisie américaine en est consciente.

Dans leur combat, Martin Luther King et les autres organisations noires s’adressaient aux Noirs simplement en tant que Noirs et pas en tant qu’exploités. C’est la principale limite du mouvement pour les droits civiques, alors que la classe ouvrière noire est placée au cœur de la machine capitaliste, là où se crée le profit.

Face à cette bourgeoisie, les travailleurs noirs devront construire leurs propres partis révolutionnaires aux États-Unis et partout dans le monde. Avec de tels partis, ils devront orienter la lutte anti-raciste et les explosions ponctuelles vers une révolution sociale générale pour se débarrasser de l’exploitation de l’Homme par l’Homme.

Les chances de succès de cette révolution sociale dépendront alors de la capacité du prolétariat noir à entraîner dans la lutte le prolétariat blanc et les autres exploités. Mais quelle que soit la forme que prendront les révolutions prolétariennes à venir, elles seules seront émancipatrices du peuple noir et de tous les exploités de la terre.

C’est le programme des communistes révolutionnaires que nous sommes.