CO N°1321 (10 février 2024) – Il y a 100 ans : Lénine et la révolution mondiale

Cent ans après la mort de Lénine, nous proposons une série d’articles retraçant son combat et sa vie dédiés complètement à la révolution. Cette fois-ci nous revenons sur son action politique et militante, en tant que révolutionnaire internationaliste, pour une révolution socialiste mondiale.

Lénine écrivait en avril 1917 « Il n’est qu’un et un seul internationalisme véritable : il consiste à travailler avec abnégation au développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son propre pays, à soutenir […] cette même lutte, cette même ligne, et elle seule, dans tous les pays sans exception. » Ce sont là des tâches indispensables, pour tout militant révolutionnaire, pour mener le prolétariat mondial vers le renversement total du capitalisme.

C’était déjà la conviction de Marx et Engels au 19ème siècle : le socialisme comme première étape vers le communisme, ne pouvait exister qu’à l’échelle mondiale. Le capitalisme en développant l’industrie, a créé les bases économiques du socialisme : un haut niveau de productivité grâce à une division mondiale du travail. Seulement le capitalisme ne vise que ses propres profits. La classe prolétarienne qui s’est développée avec la grande industrie est désormais la seule capable de libérer l’humanité de cette domination. La disparition des classes sociales sera la cause principale de son émancipation.

De la guerre impérialiste vers la guerre civile

En 1914 la classe ouvrière fut trahie par les dirigeants du mouvement ouvrier de la Deuxième Internationale. Quand la guerre commença, pratiquement tous les dirigeants des partis socialistes votèrent les crédits de guerre, poussèrent la classe ouvrière dans cette boucherie au nom de la défense nationale. Cette trahison sonna le glas de  la Deuxième Internationale. Seule la fraction bolchevik, le parti de Lénine, resta fidèle à l’internationalisme et contre le nationalisme.

En cette période, Lénine luttait pour rallier des forces militantes contre les courants opportunistes et « social-chauvins ». En 1916 par exemple s’adressant à l’avant-garde de la jeunesse il écrivait « l’union des organisations socialistes de la jeunesse se voit assigner une tâche immense et féconde, encore que difficile ; lutter pour l’internationalisme révolutionnaire, pour le véritable socialisme contre l’opportunisme dominant qui s’est rangé aux côtés de la bourgeoisie impérialiste. »

Lénine expliquait dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme en 1916, comment le développement même du capitalisme avait exacerbé la concurrence entre les différentes puissances et engendré la guerre pour le repartage du monde. Il démontrait qu’on ne pouvait pas lutter contre la guerre sans lutter contre le capitalisme et sans lutter pour la révolution sociale. Il fallait refuser « l’union sacrée » du prolétariat et de la bourgeoisie derrière la défense nationale.

Dans Les tâches du prolétariat (1917), il rappelait : « Elle (la guerre) a été engendrée par un demi-siècle de développement du capitalisme mondial, […]. Il est impossible de s’arracher à la guerre impérialiste, impossible d’obtenir une paix démocratique, non imposée par la violence, sans renverser le pouvoir du Capital, sans faire passer le pouvoir à une autre classe, au prolétariat. » La tâche véritablement révolutionnaire n’était pas juste de s’opposer à la guerre mais de transformer cette guerre impérialiste en guerre civile.

Avec 1917,  fonder l’Internationale communiste

La démonstration fut faite en 1917. La guerre allait déboucher sur la révolution russe. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui se sont posés en direction politique de toute la société russe y compris de la paysannerie. La guerre mondiale avec toutes ses atrocités et les ravages de la crise économique ont poussé les masses à se révolter. Elles sont allées jusqu’à la dernière phase de cette révolte, la prise du pouvoir révolutionnaire ! Parti d’un processus inconscient, brut, la révolution devint consciente parmi les travailleurs les plus avancés. Cette fraction consciente devint la direction politique de la lutte générale. Les directives de Lénine et du parti Bolchevik allaient dans le même sens, et correspondaient totalement à l’état d’esprit des masses.

La révolution socialiste mondiale allait rester un des fondements de la politique des bolcheviks. « Si l’on envisage les choses à l’échelle mondiale, écrivait Lénine en 1918, il est absolument certain que la victoire finale de notre révolution, si elle devait rester isolée, serait sans espoir… ; » « Nous ne remporterons la victoire finale que lorsque nous aurons réussi à briser, et pour toujours, l’impérialisme international. Mais nous n’arriverons à la victoire qu’avec tous les ouvriers des autres pays, du monde entier. »

La révolution russe a été contagieuse à l’échelle mondiale, les travailleurs du monde entier avaient vu ce que la classe ouvrière russe avait accompli. Étant conscients de cela, les dirigeants du parti Bolchevik décidèrent de créer la troisième Internationale, une nouvelle Internationale véritablement internationaliste. Et cela en pleine guerre civile en Russie. Il s’agissait de constituer des partis communistes capables de mener la révolution jusqu’à la victoire au niveau mondial. Cette nouvelle Internationale devait diriger, coordonner la lutte du prolétariat dans tous les pays du monde.

L’Internationale communiste démarrait avec de nombreuses faiblesses en 1919. Elle réussit dans ses premières années à défendre les idées révolutionnaires. Elle était conçue par les bolchéviks comme un état major de la révolution mondiale. Mais en Europe et en Asie, la crise n’aboutira pas à la révolution. Les partis révolutionnaires de type bolchevik manquèrent en Allemagne, en Italie et partout où la classe ouvrière s’était soulevée. Le parti Bolchevik était resté le seul parti révolutionnaire de la classe ouvrière.

Après la mort de Lénine, et quand la réaction stalinienne triompha, l’Internationale communiste fut détournée de sa vocation révolutionnaire. L’opposition trotskyste fit tout pour maintenir l’existence du courant révolutionnaire internationaliste. C’est dans ce sens que nous, militants trotskystes et tous ceux pour qui la révolution russe fut un exemple, doivent continuer de se battre.

Suite de la série sur Lénine et troisième article dans le prochain numéro : Lénine et le droit des nations à disposer d’elles- mêmes. La fondation de l’URSS.