Dans un communiqué datant du 3 mars, le gouvernement du premier ministre Ariel Henry a décrété l’état d’urgence dans l’ouest du pays, où se situe Port-au-Prince, « pour une période de 72 heures renouvelable ».
Devant les attaques coordonnées des gangs, le premier ministre a aussi décrété un couvre-feu sur le même territoire jusqu’au 7 mars pour tenter de reprendre le contrôle de la capitale. Depuis jeudi 27 février, la violence organisée par les gangs est montée de plusieurs niveaux. Ils annoncent vouloir renverser le premier ministre.
Alors qu’Ariel Henry est au Kenya, négociant l’envoi de policiers pour venir en aide à la police haïtienne, les gangs ont coordonné leurs attaques. Sous le label « Vivre Ensemble », ils ont visé des sites stratégiques. Samedi 2 mars la prison a été envahie et les prisonniers libérés dont plusieurs chefs de gangs. Les principaux postes de police ont été incendiés, l’aéroport international a été occupé. Jimmy Chérizier alias « Barbecue » avait annoncé l’attaque disant « tous les groupes armés vont agir pour obtenir le départ d’Ariel Henry ». Avec ces nouvelles attaques, le sort des habitants des quartiers visés est devenu encore plus précaire, c’est avec les mains en l’air que certains ont quitté leur maison, d’autres se sont cachés où ils ont pu. Outre les policiers, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées.
En février l’aventurier Guy Philippe et le politicien Moïse Jean-Charles ont tenté de renverser Ariel Henry en utilisant une fraction de la population lors des manifestations, ils n’ont pas réussi à le déchouker.
Maintenant ce sont les gangs armés contrôlant déjà les quartiers de la capitale qui réclament le pouvoir politique. Ils tentent de renverser Ariel Henry. Barbecue, qui avait déjà lancé une alliance de gangs, est leur porte-parole et déclare cyniquement vouloir « mettre fin à l’insécurité ».
Lorsque les travailleurs et les pauvres seront eux-mêmes aussi candidats au pouvoir politique avec leur propre parti de classe, ces bandes armées ne pèseront pas lourd face à eux. C’est sûr. À condition que les travailleurs et les masses pauvres trouvent le chemin de leur propre émancipation en toute conscience et indépendance de classe.