Bruyamment, la presse vient d’ouvrir un nouveau volet dans le dossier du scandale sanitaire lié au chlordécone. Les députés, Élie Califer du groupe socialiste en tête, ont fait adopter en première lecture une proposition de loi visant à reconnaitre symboliquement « la responsabilité de l’État et à indemniser les victimes du chlordécone », comme il le dit lui-même. Mais où en est-on véritablement dans ce dossier ?
Dès la fin du mois de janvier 2022, la Cour de justice de la République a déclaré irrecevables les plaintes déposées contre d’anciens ministres dans le dossier de l’utilisation du chlordécone aux Antilles…
Reste l’indemnisation des victimes. Et là Califer propose sans grande imagination, de prendre l’argent dans la poche des contribuables. En effet la recette pour l’indemnisation réclamée à l’État, sera compensée par la création d’une taxe additionnelle sur les tabacs, taxe qui correspond à un chapitre du code des impositions. D’ailleurs l’idée de Califer est d’une telle banalité, que l’un des députés signataires, Marcellin Nadeau, déclare avoir déposé un nouveau projet de loi sur la « reconnaissance, l’étude et l’indemnisation des victimes de la chlordécone ». Ce qui ressemble bien à un enfumage médiatico-politique, pose la question suivante, à quoi peuvent servir tous ces cautères sur jambe de bois, sinon à dissimuler autre chose ?
Cette dite loi sur la « responsabilité de l’État », dont semble s’enorgueillir tous nos députés locaux, ne participe-t-elle pas à élargir le voile qui masque les véritables responsables ayant tiré profit de ce scandale sanitaire ? C’est-à-dire, les capitalistes békés. C’est d’abord à eux, ces empoisonneurs, qu’il faudrait demander des comptes, eux qu’il faudrait juger, et condamner à indemniser les victimes. De même envers l’État qui les a couverts et qui est à leur service.
Où en est-on, quant à la mise en cause de la responsabilité des fabricants, des distributeurs, des grossistes, des commerçants, des employeurs et de tous les profiteurs qui gravitent autour du marché de pesticides ? Ces derniers sont produits par les multinationales Bayer et Monsanto qui s’enrichissent sur le dos des victimes.
Si la « reconnaissance de la responsabilité de l’État », voulait dire que des décisions pourraient conduire à des réformes législatives, visant à prévenir de telles situations criminelles à l’avenir, elle pourrait avoir du sens !
Ce n’est vraiment pas la direction qui est prise. Car, au moment même où l’adoption de cette « loi de reconnaissance » suit son cours, elle est déjà battue en brèche par le cynisme habituel de Macron, puisque le gouvernement du premier ministre Attal a mis en pause le plan « Ecophyto 2030 ». Ce qui correspond à la mise au placard du plan de réduction de l’usage des pesticides.
Conclusion, si un pas vient d’être franchi, ce n’est pas celui d’une justice en direction des victimes du chlordécone et des autres pesticides. Ce miroir aux alouettes qu’est la proposition de Califer n’est qu’illusion et tromperie, car rien ne changera pour les victimes.
Le véritable changement, la véritable justice devra passer par le renversement de ce système capitaliste, par l’expropriation des grandes terres agricoles par les ouvriers agricoles en lutte. C’est-à-dire, le renversement de tous ceux qui aujourd’hui profitent d’une totale impunité et qui s’enrichissent de la rente des pesticides, au détriment de la vie des victimes.