La première abolition de l’esclavage en Guadeloupe fut décrétée le 4 février 1794, à l’apogée de la révolution française. Le gouvernement de la Convention dirigeait alors en France.
La bourgeoisie révolutionnaire de France avait pris le pouvoir en s’appuyant sur les luttes radicales du petit peuple de Paris et des paysans. La prise de la Bastille en juillet 1789 et la décapitation du roi et de la reine en sont les symboles les plus marquants.
Mais il fallut quand même cinq ans, depuis la prise de la Bastille en 1789 par le petit peuple, pour que les nouveaux dirigeants du gouvernement révolutionnaire, ceux de la Convention, plus radicaux, prennent le décret d’abolition.
Dans le même temps, le 14 août 1791 à Bwa Caïman, sonne le début de la révolution des esclaves de la partie française de l’île de Saint-Domingue, qui deviendra Haïti. En France, l’action des abolitionnistes exerce une pression sur le gouvernement de la Convention.
De plus, les Anglais menaçaient de conquérir les possessions françaises des Antilles. Les troupes de l’Angleterre esclavagiste avaient occupé la Martinique et Sainte-Lucie. Elles menaçaient la Guadeloupe. Le gouvernement de la Convention envoya sur place Victor Hughes accompagné de soldats et du décret d’abolition de l’esclavage. Pour repousser l’invasion anglaise, il enrôla dans l’armée de nombreux Noirs qui voyaient dans ce combat la défense de leur propre liberté.
En Guadeloupe, de grands propriétaires d’esclaves qui avaient fait allégeance à la royauté déchue furent guillotinés sur la Place de la victoire à Pointe-à-Pitre sur ordre de la Convention. De même tous ceux qui refusaient de reconnaître le nouveau pouvoir. Cet épisode révolutionnaire fit souffler un vent de liberté chez les Noirs réduits en esclavage.
Les troupes françaises aidées par les nouveaux libres réussirent à repousser les troupes anglaises. Le 10 décembre 1794, Victor Hugues prit officiellement le contrôle de la Guadeloupe. Certains Noirs gagnèrent leurs galons dans cette guerre contre les Anglais.
Les Anglais occupaient toujours la Martinique. Sur l’île, la première abolition de l’esclavage n’a pas eu lieu puisque les grands propriétaires, de peur de subir le même sort que les royalistes en Guadeloupe, avaient accepté la protection des Anglais et renié le gouvernement révolutionnaire français.
En 1799, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en France grâce à un coup d’État et instaure le régime du Consulat.
Le processus de rétablissement de l’esclavage est engagé. En 1802, Bonaparte envoie ses troupes en Guadeloupe et à Saint-Domingue pour rétablir officiellement l’esclavage. En Guadeloupe c’est le général Richepanse qui débarque et à Saint-Domingue, le général Leclerc.
Parmi les Noirs qui mènent la guerre anti-esclavagiste contre le rétablissement, on retrouve des officiers comme Ignace, Delgrès et d’autres de leurs compagnons qui avaient rejoint l’armée après l’abolition de 1794. Ils furent vaincus après des combats héroïques.
La guerre des esclaves à Saint-Domingue aboutit à la défaite des armées napoléoniennes et à l’indépendance d’Haïti proclamée par les révolutionnaires haïtiens le 1er janvier 1804.