Lundi 3 juin, le conseil présidentiel a installé Gary Conille comme premier ministre pour diriger le nouveau gouvernement de transition. Ce poste, il l’a déjà occupé pendant six mois entre 2011 et 2012, après le séisme de 2010.
Dans le pays dévasté par le tremblement de terre, la population choquée continuait à vivre sous les tentes dans un dénuement total. Le gouvernement Martely-Conille a alors montré le peu d’intérêt qu’il avait pour les pauvres qui survivaient dans les camps de fortune.
Ce conseil présidentiel, sans se soucier de l’état de la population laborieuse, attend l’intervention des troupes kényanes pour mater les gangs et reprendre un pouvoir qui aujourd’hui échappe aux possédants.
La population laborieuse courbe la tête sous les armes des gangs. Parmi elle il y a cependant des militants comme nos camarades de l’OTR (Organisation des Travailleurs Révolutionnaires) qui mènent le combat à son côté. Nous publions ici la traduction d’un article de leur bulletin « Pawòl Travayè » du mois de juin.
Avec ou sans intervention extérieure, les masses pauvres doivent préparer leur propre bataille.
Depuis plusieurs semaines, de nombreuses images de l’aéroport de Port-au-Prince montrent de gros avions qui débarquent des masses de matériel militaire. Les informations laissent entendre que beaucoup de soldats américains sont déjà sur place et préparent l’arrivée de la « Mission Multinationale de Soutien et de Sécurité » (MMS), force destinée à combattre les gangs.
Plusieurs chefs de gang ont réagi en augmentant la pression sur la population des zones qu’ils occupent pour les obliger à manifester contre l’arrivée de cette force. Ces criminels ont multiplié les exactions et ont déclaré qu’ils écraseront tous les pauvres qui soutiendraient cette force étrangère.
Beaucoup de gens pensent que la présence de soldats étrangers dans le pays peut être un stimulant pour mobiliser la population contre les gangs. Certains disent qu’ils préparent déjà des armes pour contrer les bandits.
Les gangs et les classes riches sont les deux faces d’une même médaille. Un conflit entre les deux pourrait ouvrir des possibilités de répliques pour les masses exploitées. Mais rien ne dit que les soldats étrangers viennent combattre les gangs pour protéger la vie des travailleurs et de la population pauvre. Depuis 1994, plusieurs forces étrangères sont intervenues dans le pays et au final les gangs ont prospéré au lieu de disparaitre.
L’intervention des forces étrangères a pour objectif de créer les conditions pour que les classes riches continuent à engranger des richesses comme elle le font depuis longtemps. Si nécessaire, ces forces dégageront les routes pour que les marchandises et autres puissent circuler.
Mais les masses populaires peuvent se préparer dès maintenant à exploiter toutes les possibilités d’entrer dans la bataille elles aussi. Ce sont elles seules qui ont intérêt et qui sont capables de bloquer tous les criminels armés qui se cachent dans les quartiers populaires pour terroriser la population.
La classe dominante manœuvre pour résoudre ses problèmes avec les gangs armés. La population doit se montrer consciente pendant qu’elle prend aussi des dispositions pour se mobiliser et pour se défendre, défendre sa vie, ses revendications et ses intérêts. Aucun autre groupe social ne le fera pour elle.
Pawòl Travayè OTR-UCI,
Mercredi 5 juin 2024
Comptons sur nos propres forces !