CO N°1329 (15 juin 2024) – Nouvelle-Calédonie – Violence et mépris de l’État colonial français

Macron a fait voter par le parlement une réforme constitutionnelle visant à élargir la base électorale aux prochaines élections provinciales. Jusqu’ici, seuls les Kanaks et les personnes vivant sur le territoire depuis longtemps peuvent voter. Cette réforme a mis le feu aux poudres provoquant une explosion sociale. Officiellement, à ce jour huit personnes ont été tuées. Le gouvernement montre sa volonté d’imposer une continuité de la politique coloniale en réprimant de façon ignoble le peuple kanak.

L’impérialisme français est responsable de cette situation de guerre civile, il s’est appuyé sur l’opposition de deux peuples, les Kanaks et les Caldoches (descendants de colons venus de la métropole), qu’il a lui-même engendrée. La France coloniale s’est emparée de l’île en 1853, pillant, massacrant ceux qui se révoltaient, des terres ont été volées aux Kanaks. À plusieurs reprises les Kanaks se sont soulevés. Ces révoltes ont causé la mort de milliers de Kanaks, des chefs comme Ataï de Komalé ont été tués. Sa tête a été conservée dans un bocal de formol, puis expédiée en métropole. Les Kanaks n’avaient même pas le droit de circuler librement. C’est seulement en 1946 que le travail forcé a été aboli et qu’ils ont eu le droit de circuler librement sans être obligés de quitter la ville de Nouméa à 17h.

L’État français a mené une politique de peuplement. Les administrateurs coloniaux en ont fait un lieu de bagne, ils y ont déporté des prisonniers politiques comme les communards de 1871. Dans les années 1970 alors que le nombre de Kanaks progressait plus vite que le nombre de Caldoches, le gouvernement a relancé la politique de peuplement en favorisant l’émigration en provenance de métropole. Son but était de limiter le danger de la revendication indépendantiste. L’État s’est employé à faire venir aussi des populations de Wallis-et-Futuna, du Vietnam, de Tahiti, des Philippines pour travailler dans les mines et dans les champs.

D’autres révoltes ont eu lieu dans les années 1980. L’impérialisme français s’est débarrassé des dirigeants gênants. Les dirigeants indépendantistes Éloi Machoro et Daniel Nonnaro furent assassinés en 1985. Trois ans plus tard en avril 1988, un groupe du mouvement indépendantiste FLNKS (Front de libération national Kanak socialiste) lança une attaque contre la gendarmerie de l’île d’Ouvéa, tuant quatre gendarmes sur place et retenant les autres otages dans une grotte. Le FLKNS voulait négocier plus d’autonomie, le gouvernement de Chirac répondit en faisant assassiner 19 militants indépendantistes Kanaks. Deux gendarmes furent tués. Pour désamorcer la révolte les gouvernements successifs ont mis en place les accords Matignon et de Nouméa. Mais ces accords n’ont pas mis fin aux inégalités, à la discrimination. Les Caldoches sont majoritaires dans le sud de la région qui est la plus riche. Les Kanaks sont dans les deux autres régions, les plus pauvres. De grandes multinationales exploitent le nickel. Cette activité économique continue d’enrichir ces grands groupes capitalistes. Mais les travailleurs ne profitent aucunement des richesses qu’ils extraient et qu’ils transforment. Le chômage touche fortement la population Kanak, 49 % des 15-64 ans n’ont aucun diplôme qualifiant. Les Kanaks sont victimes d’un colonialisme méprisant et violent, la révolte est issue de cette mémoire collective.