Après ses bons scores aux dernières élections européennes et la décision de Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Aujourd’hui il rassemble les voix de millions de travailleurs et d’exploités.
Aux origines du RN, le Front national
En 1972, le Front national pour l’unité française (FN) est fondé par des membres du mouvement Ordre nouveau, nostalgiques du fascisme, ces pouvoirs autoritaires, guerriers, anti ouvrier, antisémites (anti juif) et racistes comme sous Mussolini en Italie, sous Hitler en Allemagne et sous Pétain en France. Certains d’entre eux ont été des soldats nazis pendant la deuxième guerre mondiale. D’autres se sont regroupés dans l’OAS (l’Organisation de l’armée secrète) une organisation terroriste clandestine pro Algérie française qui commettait des attentats contre les défenseurs de l’Algérie indépendante.
Jean-Marie Le Pen fut nommé président du FN. Il était soldat pendant la guerre d’Algérie où il a reconnu avoir torturé des combattants algériens. Il est longtemps resté un défenseur de l’Algérie française. Il est devenu millionnaire grâce à un héritage. Depuis, la famille Le Pen est une famille bourgeoise propriétaire d’un grand domaine et de plusieurs affaires.
Jean-Marie Le Pen était surtout connu pour ses prises de position provocatrices ouvertement racistes et antisémites. Il avait déclaré en 1996 : « Je crois à l’inégalité des races, oui bien sûr, toute l’histoire le démontre, elles n’ont pas la même capacité ni le même niveau d’évolution historique… ». Ou alors quand il remettait en cause l’existence des chambres à gaz sous les nazis.
1980 : les premiers succès électoraux
Pendant plus de dix ans, le Front National n’a été qu’un groupuscule d’extrême-droite. Même dans des élections locales ou législatives, lorsqu’il présentait des candidats, ses résultats tournaient au plus autour de 2 % ou 3 %. Le Pen avait recueilli 0,74 % des suffrages exprimés aux élections présidentielles de 1974.
C’est lors des élections municipales de 1983 puis des élections européennes de 1984 que le Front National sort de l’anonymat électoral : 10,95 % des voix et 2,2 millions de suffrages aux européennes ! Puis aux législatives de 1986, le FN recueille 2,7 millions de voix et 9,65 % des suffrages exprimés. Il obtient 35 députés. Aux élections présidentielles de 1988, le nombre de votants pour Le Pen a même atteint les 4,3 millions.
Cette envolée électorale du FN correspond à l’arrivée de la gauche au pouvoir : le Parti Socialiste flanqué au début du Parti Communiste. L’accession de Mitterrand à la présidence de la République en 1981, avait soulevé beaucoup d’espoirs parmi les classes populaires. Espoirs bien vite déçus lorsque le gouvernement bloqua les salaires en 1982 et organisa des licenciements massifs dans les secteurs dépendants de l’État. Une politique pro-patronale bien de droite ! Les trahisons et le renoncement des partis de gauche, censés représenter les travailleurs, ont déboussolé et démoralisé bien des travailleurs.
Les scores du FN n’ont fait que progresser depuis ces années-là aussi parce que la crise s’est approfondie plongeant une bonne partie des classes populaires dans plus de difficultés.
En 2002, Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac devançant ainsi Lionel Jospin, le candidat de la gauche, qui venait d’être premier ministre et avait mené une politique anti-ouvrière.
2011-2024 : Marine Le Pen et la dédiabolisation
Marine Le Pen a pris la tête du FN en 2011 en écartant son père jugé trop gênant. Depuis, elle n’a fait que s’atteler à dédiaboliser ce parti pour cacher son côté anti-ouvrier et raciste derrière un vernis de démagogie populiste. Le parti excluait officiellement ses membres qui prenaient des positions trop ouvertement racistes.
Cette dédiabolisation porte ses fruits puisqu’aujourd’hui, le RN fait des scores records dans les outre-mer alors qu’il y a 30 ans, Jean-Marie Le Pen ne pouvait pas débarquer aux Antilles à cause des manifestations de protestation.
Aujourd’hui, le RN a trouvé des représentants locaux noirs pour défendre ses idées.
La perspective politique du RN : un régime autoritaire et anti ouvrier
Comme les autres partis qui ont été au gouvernement, le RN est un parti de la bourgeoisie. Il n’a pas encore été à la tête d’un gouvernement mais là où il a des élus, le RN montre son vrai visage. En 2014, à la mairie du Pontet, le maire RN a supprimé la gratuité de la cantine pour les familles démunies. La municipalité de Béziers a réservé la participation aux activités périscolaires aux seuls enfants dont il est prouvé que les deux parents travaillent en 2014. Les enfants dont au moins un parent est au chômage en sont donc exclus. Toutes ces mesures contre les pauvres sont en fait prises contre les familles de travailleurs immigrés. En 2022, les députés RN ont voté contre l’augmentation du SMIC.
Dans sa dernière conférence de presse, Jordan Bardella a annoncé des mesures qui s’apparentent à une militarisation de l’école. Quant aux mesures sociales de son programme, Bardella est revenu sur sa promesse d’abroger la réforme des retraites. Le 20 juin dernier, invité à défendre son programme face au gros patronat du MEDEF, Bardella a mis au second plan certaines mesures que les patrons ont jugé « trop coûteuses ».
Voilà donc un parti même pas encore au pouvoir mais déjà aux ordres du grand patronat comme les autres.