Depuis le début du conflit actuel contre la cherté de la vie, on entend beaucoup parler de l’octroi de mer, taxe prélevée par la CTM (Collectivité territoriale de Martinique). Mais bien peu de travailleurs seraient en mesure de donner une explication sur cette taxe, d’autant qu’ils n’exercent aucun contrôle dessus.
L’octroi « aux portes de la mer » a été mis en place dès 1670 en Martinique. Il s’agit de l’un des plus anciens systèmes d’imposition existant en France. Actuellement, son taux est d’environ 4 % sur les marchandises importées.
Depuis déjà 3 ou 4 ans on nous rebat les oreilles, faisant croire à la population que c’est l’octroi de mer qui est responsable de la cherté des prix. Les lobbies de la grande distribution, et certains politiciens locaux à leur service essaient de détourner le problème de la vie chère sur l’octroi de mer.
L’octroi de mer intervient pour une part infime dans le prix et sur la hausse des prix.
Par contre, tout le monde sait maintenant qu’il y a quinze intermédiaires qui interviennent dans la chaine d’approvisionnement des marchandises entre la France et l’Outre-mer. C’est Jean-Christophe Bouvier, le Préfet de Martinique lui-même, qui le dit.
Et ces quinze intermédiaires, en réalité, sont liés aux grosses sociétés de la distribution.
Ils font tous une marge, un bénéfice qui rentre dans la poche de ces gros capitalistes importateurs et distributeurs, souvent békés, comme ceux du groupe Hayot, du groupe Despointes ou Parfait.
Jusqu’à présent, ce qui est absolument scandaleux, c’est que les grosses sociétés refusent de donner leurs marges, leurs bénéfices. Elles refusent de dire combien ils empochent. Or ce sont elles les plus riches.
En fait, la grosse part de la hausse des prix vient de la grande distribution.
Et les capitalistes locaux se cachent derrière le secret commercial pour ne pas communiquer sur leurs comptes. Il faut abolir donc ce secret commercial. Tout doit être mis sur la table : qui sont ces riches, qui encaissent des millions, et la grande distribution, et les sociétés de transport, notamment la CMA-CGM qui a fait 23 milliards d’euros de bénéfices ?
Le capitaliste béké Bernard Hayot est dans le top 500 des grandes fortunes, sa fortune est évaluée à 350 millions. Le groupe Despointes aussi fait partie des plus riches.
Dévoiler le secret commercial de ces riches n’est pas la préoccupation de Serge Letchimy, le président exécutif de la CTM. Il fait partie de cette classe politique, serviteur objectif de la bourgeoisie, qui finalement essaie de faire en sorte de limiter la responsabilité des grosses entreprises.
Depuis des années et jusqu’à présent, il y a des réunions, des tables rondes. Et malgré ces réunions-là, on nous sort les litanies des économistes sur ceci, sur cela, et notamment sur l’octroi de mer, taxe utilisée pour les dépenses sociales des communes entre autres. Mais on ne met jamais sur la table les marges réalisées par les plus riches, empochées pour leur fortune privée.
C’est le rapport de force, le fait qu’il y ait eu un mouvement social, parti de la population elle-même, et qui continue qui a contraint Préfet, CTM, élus à ouvrir des discussions.
Face à ces exploiteurs et leurs alliés, pour combattre la vie chère, le véritable problème pour les travailleurs ne se situe pas au niveau de l’octroi de mer. Il faut exiger de véritables augmentations des salaires et des retraites pour vivre. Pas de salaires, de retraites et de minima sociaux inférieurs à 2 000 euros net par mois.