En Syrie la fraction islamiste radicale Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) est parvenue à renverser le régime de Bachar Al-Assad. Les combattants rebelles ont pris en quelques jours les principales villes du pays. Le 7 décembre ils encerclaient la capitale Damas.
Dans la nuit le président Bachar Al-Assad a abandonné le pouvoir et a été extradé vers Moscou.
Le pouvoir était dans les mains de la famille Al-Assad depuis plus de 50 ans. Un régime dictatorial pourrissant tombé finalement sans grandes difficultés. La Russie, principal soutien de Bachar Al-Assad ces dernières années, n’a pas sollicité ses forces sur le terrain.
Le HTC et ses soutiens ont donc fait fuir l’armée syrienne et ses principaux dirigeants et ont occupé les principales institutions. Ils ont également avec l’aide de la population mis au grand jour certaines atrocités commises par l’ancien régime. Des milliers de personnes ont été libérées des prisons comme la tristement célèbre prison de Saydnaya, symbole de la répression du régime. De nombreux prisonniers avaient subi des tortures, des dizaines de corps mutilés, torturés ont aussi été retrouvés dans un hôpital. En Syrie, après la révolte du « Printemps Arabe » en 2011, le régime avait sévi pour étouffer la contestation. Depuis 100 000 personnes auraient péri dans les prisons syriennes, notamment sous la torture selon les chiffres de 2022 dévoilés par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Aujourd’hui des milliers de familles sont à la recherche de proches disparus.
Le HTC a mis à terre une dictature féroce mais on peut se demander comment agira ce pouvoir dans les prochains mois.
Le HTC, et son dirigeant, Ahmed Al-Chareh, sont issus d’une branche qui a rompu avec Al-Qaïda en 2016. Ils assurent mettre en place un gouvernement transitoire et semblent prêts à s’entendre avec les différentes puissances. Les États-Unis sont déjà à la manœuvre. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis ont établi un contact « direct » avec le groupe islamiste HTC. Les dirigeants américains veillent surtout à empêcher l’organisation État islamique présente en Syrie de profiter de la situation.
Hauts fonctionnaires et diplomates des États-Unis, de l’Union Européenne, de Turquie et de la Ligue arabe se sont déjà réunis pour discuter du pouvoir en Syrie, sans même la présence des dirigeants syriens.
Qu’elles soient dues au régime, à la guerre, aux bombardements des puissances impérialistes ou aux attaques des milices djihadistes, le peuple en Syrie subit les pires atrocités depuis des décennies. Les dirigeants occidentaux ont montré à plus d’une reprise qu’ils étaient tout à fait prêts à s’accommoder avec des régimes dictatoriaux et sanguinaires comme celui d’Assad. Le sort de la population n’entre jamais dans leurs calculs.
La liberté et la paix ne viendront pas de ce nouveau pouvoir réactionnaire ni de l’impérialisme américain, mais des travailleurs et de la population en s’organisant pour exercer le pouvoir !