Les gangs maintiennent leur emprise sur la capitale. Circuler dans et en dehors de Port-au-Prince est un exercice périlleux où on doit franchir les postes tenus par les gangsters, les routes nationales, les ports et l’aéroport sont devenus quasi-inaccessibles.
Cette situation de blocage rappelle celle du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Ce séisme d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, provoquait près de 300 000 morts, 300 000 blessés et plus d’un million de sans-abris. Tous les quartiers de la capitale avaient été touchés et dans les quartiers populaires la majorité des maisons étaient détruites.
Faites de matériaux précaires, bien loin des normes para-sismiques ces habitations n’avaient pas résisté. Les vestiges de ce cataclysme sont toujours présents, les édifices officiels désarticulés comme le palais national ou la cathédrale, des écoles en ruine dans des quartiers.
Durant l’année 2024, plus de 5600 personnes ont été tuées par les attaques des gangs : 1000 de plus qu’en 2023 selon les chiffres de l’ONU. Des chiffres certainement très en dessous de la réalité, car ne sont pas pris en compte toutes ces personnes qui meurent noyées en tentant de traverser vers les îles avoisinantes pour échapper à cette oppression.
Le nombre de déplacés internes qui fuient l’occupation de leur quartier dépassent deux millions maintenant. Ils ont construit de nouveaux camps de réfugiés déjà saturés, avec des centaines de milliers de personnes qui y survivent dans des conditions abjectes, dépourvues de tout.
Les bandits imposent leur loi par la terreur, saccageant et incendiant tout sur leur passage. Ils ont maintenant des antennes partout. Leurs moyens financiers le leur permettent, mais ils recrutent aussi à cause de la grande misère qui gagne du terrain et est propice à attirer de nouveaux exécutants dans leurs rangs.
Ils ont été repoussés par trois fois dans les quartiers qu’ils ont attaqués. La police a été aidée par la population dans certains cas. Le gouvernement et sa police se sont montrés plus réactifs pour protéger les administrations. Car c’est dans les hauteurs de la capitale que les administrations publiques ont déménagé quand le quartier du centre administratif est tombé aux mains des gangs l’année passée.
La population des quartiers populaires victime des affrontements entre les gangs et la police est économiquement anéantie. Le parc industriel de Port-au-Prince est presque désert avec quelques entreprises qui fonctionnent sporadiquement. Les patrons appellent les ouvriers pour travailler quelques jours pour exécuter les commandes puis les renvoient jusqu’à une prochaine commande. Dans les quartiers, les marchandes, les artisans, électriciens, plombiers, maçons, et autres n’exercent plus, les chantiers sont arrêtés, et des milliers de travailleurs sont au chômage.
L’emprise des gangs et cette barbarie n’est ni une fatalité, ni un accident. C’est le résultat de ce système où la bourgeoisie dirige, exploite les travailleurs et se paye des larbins aux commandes de l’État pour réaliser toujours plus de bénéfices. Pour les travailleurs, les pauvres, il n’y a pas de solution venant des instances de pouvoir. La perspective est la même qu’au lendemain du séisme, les survivants doivent d’abord compter sur eux-mêmes, s’organiser pour faire face et vaincre. C’est partant de cet état d’esprit, du réveil de la conscience de classe que la classe ouvrière et les pauvres pourront construire leur parti révolutionnaire. C’est la seule voie pour qu’ils s’en sortent. Alors, les milices ouvrières armées de ce parti feront le poids face aux gangs et face à la racaille de politiciens corrompus afin de les réduire au silence.