CO N°1346 (15 mars 2025) – Éditorial – Halte au pillage du patronat et de son État

En Guadeloupe, les organisations syndicales et le Collectif des organisations en lutte appellent la population à se mobiliser le samedi 29 mars. En Martinique, le RPPRAC et plusieurs organisations syndicales se sont rencontrés pour définir un plan de lutte contre la vie chère.

Les attaques du grand patronat et du gouvernement à son service se sont aggravées régulièrement et puissamment au cours des dernières années. Les services publics sont exsangues. Les licenciements, les salaires de misère, les allocations et les pensions de retraite dérisoires sont un calvaire quotidien pour beaucoup de travailleurs. Pendant ce temps, les capitalistes locaux et extérieurs se gavent avec des marges indécentes qui rendent la cherté de la vie insupportable.

Se mobiliser, crier sa colère pour refuser d’être réduits à l’indigence et exiger d’être traités dignement est donc une absolue nécessité. Il faut augmenter les salaires, les pensions, les minima sociaux, il faut des moyens pour les services publics indispensables à une vie correcte.

Mais au lieu de cela, avec la redistribution des rôles entre les puissances mondiales, l’économie de guerre que nous sert le président depuis 2023 a franchi un nouveau pas.

C’est une bonne aubaine pour le grand patronat français et européen. Il faudra donc fabriquer massivement des avions Rafale, des radars, des missiles, des canons Caesar et autres engins de guerre. Du pain béni pour Thalès, Dassault, Safran et les 4 000 entreprises françaises de moindre importance qui contribuent à leur fabrication.

La prétendue nécessité de construire une défense européenne est donc l’occasion attendue de multiplier les commandes d’État dans le secteur de l’armement, à coups de milliards. Au niveau européen, ce sont 800 milliards qui seront consacrés à ladite défense.

Mais où prendre l’argent pour ces commandes, alors que le gouvernement pleure misère à cause du déficit budgétaire et réduit les services publics comme peau de chagrin ? Les solutions envisagées sont bien éculées : les travailleurs, la population devront payer. L’État sert de pompe à fric qui fait circuler l’argent, de la poche des travailleurs vers celles des capitalistes. Il projette déjà d’utiliser les économies placées sur les livrets A et de développement durable pour l’investir dans l’industrie de guerre. Le 20 mars prochain, le ministre de l’économie devrait annoncer d’autres mesures.

La guerre est à nos portes. Pour l’instant, le matériel  militaire est mis à disposition des combattants de pays tels l’Ukraine. Ce sont les Ukrainiens qui fournissent le sang et la chair à canon. Mais la guerre mondiale reste une option bien réelle s’il s’agit pour la bourgeoisie de sauver son système pourrissant. La chair et le sang des travailleurs et des jeunes français, allemands ou autre n’a pas plus de valeur à ses yeux que celle des Ukrainiens.

Face à une telle menace, celle que fait peser sur nous la société capitaliste en pleine déréliction, rien n’est perdu ! Il nous reste notre force de combat, qui ne s’exprime pas encore mais qui reste solidement ancrée en nous, travailleurs. À ce titre, la mobilisation du 29 mars en Guadeloupe et les futures luttes en Martinique contre les violences sociales peuvent être un premier pas important vers un mouvement de révolte de plus grande ampleur, un refus commun à tous les démunis d’être les victimes de la soif de profit de ceux qui dirigent et gouvernent le monde.

Les empêcher définitivement de nuire, d’exploiter, de détruire et d’assassiner, revient pour les travailleurs à les chasser du pouvoir et ainsi gérer eux-mêmes la société et l’économie conformément à leurs intérêts.