CO N°1349 (26 avril 2025) – Épandage de pesticides : un nouveau scandale annoncé ?

Le 9 avril, le Parlement a définitivement adopté une loi permettant d’épandre certains pesticides par drones.

Cette mesure concerne certains vignobles et les bananeraies des Antilles. Elle contredit une loi européenne qui l’interdit depuis 2009.

Le 26 février dernier le président Macron a rencontré les producteurs de banane et les a assurés de son soutien afin de pouvoir « réutiliser certaines techniques d’épandage (par drones) pour faire face à la cercosporiose ».

Le texte prévoit de n’utiliser que des produits autorisés en agriculture biologique et les pesticides considérés comme « à faibles risques » par la réglementation. Selon la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, le recours à des drones de pulvérisation est une amélioration des conditions de travail des ouvriers agricoles aux Antilles. Actuellement les travailleurs pulvérisent au sol les produits fongicides pour lutter contre  la cercosporiose noire sur les bananiers. Ils sont exposés à ces produits.

Faisant mine de se soucier des conditions de travail des ouvriers en autorisant l’épandage par drones de produits phytosanitaires, le gouvernement veut surtout satisfaire les intérêts des gros planteurs.

L’État s’est déjà rendu complice par le passé de l’autorisation de produits toxiques dans les bananeraies avec le scandale du chlordécone.

Les populations de la Guadeloupe et de la Martinique sont contaminées à 90 % par ce poison, il provoque des cancers, a des effets néfastes sur le système nerveux, sur certains organes (foie, rein, cœur…). Les ouvriers de la banane étant les plus exposés au produit, sont les plus touchés par les maladies. Le chlordécone a été utilisé pour combattre le charançon du bananier jusqu’en 1993. Très persistant, il a contaminé les sols, l’eau, le milieu marin. Ce pesticide interdit en 1990, a continué à être utilisé grâce à des dérogations du gouvernement sous la pression des planteurs.

On a toutes les raisons de se méfier de cet épandage, les gros planteurs de la banane avec le soutien de l’État ont toujours utilisé le mensonge, le chantage à l’emploi pour faire valoir les intérêts des capitalistes de la banane. Quand un scandale éclate, ce sont les mêmes qui se dédouanent de toute responsabilité et c’est à la population d’en payer le prix fort.