CO N°1352 (21 juin 2025) – Guadeloupe – Évolution institutionnelle : un changement de vitrine ?

Le 17 juin, les élus de Guadeloupe devaient se réunir en congrès pour discuter d’une possible évolution institutionnelle. Il est question de fusionner la Région et le Département au sein d’une collectivité unique, dotée de pouvoirs élargis, voire d’un droit à l’adaptation des lois.

Cela fait plusieurs années que cette question revient dans les cercles politiques. Sur un territoire aussi réduit que la Guadeloupe, ne compter qu’une seule assemblée relève du bon sens. Cependant, cela est présenté comme une réponse aux difficultés du territoire : crise de l’eau, chômage, vie chère, exode des jeunes, etc.

Aucun cadre administratif ne changera ces réalités tant que les intérêts capitalistes continueront à dicter les priorités politiques. Ce ne sont pas les statuts institutionnels qui dictent les prix au supermarché, la faiblesse des salaires, le chômage de masse, les coupures d’eau, les files d’attente aux urgences…

Ce débat sur l’évolution institutionnelle concerne d’abord les élus eux-mêmes, mais il sert à faire croire à un changement utile. Moins d’élus ? Plus de pouvoir local ? Très bien, mais entre les mains de qui ? Des travailleurs ou des notables ? Et pour quel projet ? Répondre aux besoins de la population ou préserver les intérêts d’une minorité ?

Il n’y a aucune garantie que cela améliore en quoi que ce soit les conditions de vie des travailleurs. En Martinique, le passage à une collectivité unique en 2015 n’a rien résolu pour les salariés, les retraités ou les jeunes sans emploi. En Martinique comme en Guadeloupe, les décisions restent prises dans l’intérêt des possédants, et les politiques publiques ne sortent pas du cadre capitaliste.

Selon un sondage Qualistat 75 % des sondés se disent favorable à une collectivité unique. Ce n’est pas surprenant que face au désordre actuel, beaucoup espèrent du changement. Mais être « favorable » ne suffira pas à être pris en compte. Pour peser réellement sur leur avenir, les travailleurs devront s’organiser collectivement, indépendamment des partis bourgeois et petits bourgeois.

C’est par les luttes, les grèves, les mobilisations, que les travailleurs imposent leurs revendications. Et il faudra, tôt ou tard, qu’ils se dotent d’un parti qui exprime leurs intérêts. Pas pour gérer les institutions actuelles, mais pour les remplacer par un pouvoir des travailleurs. Aucun cadre institutionnel, aussi « modernisé » soit-il, ne changera le sort des masses tant que le pouvoir reste aux mains du personnel politique de la bourgeoisie capitaliste et de la bourgeoisie elle-même petite ou grande.