Le militant kanak Christian Tein, président du FLNKS (Front de libération nationale Kanak et socialiste), a été libéré le 12 juin 2025. Lui et six autres militants indépendantistes avaient été emprisonnés et déportés à la suite du mouvement de révolte en Nouvelle-Calédonie en juin 2024.
L’information judiciaire avait été ouverte pour « complicité de tentative de meurtre, de vol en bande organisée, de participation à une association de malfaiteurs » mais les dossiers sont vides… Voilà pourquoi les juges d’instruction du tribunal de Paris ont fini par ordonner le 3 juin dernier la remise en liberté sous contrôle judiciaire de quatre des militants. Cependant le parquet avait fait appel, avec un référé-détention, obligeant les militants à rester en détention jusqu’au 12 juin, où malgré leur libération, ils n’ont pas le droit de retourner en Nouvelle-Calédonie. Deux autres militantes, Brenda Wanabo et Frédérique Muliava avaient déjà été libérées. Elles sont désormais autorisées à rentrer en Nouvelle-Calédonie.
Le mouvement de révolte des Kanaks s’est déclenché le 13 mai 2024 à l’appel d’organisations indépendantistes regroupées dans la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), la population Kanak s’est mobilisée contre la proposition de loi du « dégel du corps électoral ». Ce « dégel » consistait à élargir le corps électoral de l’archipel afin de rendre minoritaires les voix des Kanaks. Une décision dans la continuité de la politique coloniale de la France.
Depuis plus de 170 ans, l’État français s’emploie à rendre les Kanaks minoritaires dans leur propre pays par une politique de peuplement colonial pour protéger les intérêts des riches français exploitant notamment le nickel.
En 2024 la réaction populaire du peuple kanak est allée bien plus loin que ce à quoi pouvaient s’attendre les dirigeants indépendantistes. Les émeutes, manifestations, affrontements avec les forces de l’ordre pendant plusieurs mois furent l’expression également du ras le bol d’un peuple opprimé, marginalisé. Dans une société profondément inégalitaire, les jeunes kanaks sont pour la grande majorité d’entre eux contraints à la misère, aux discriminations, au chômage et aux bas salaires.
En guise de répression, l’État colonial avait employé les moyens forts. Le 15 mai 2024 l’État d’urgence ainsi qu’un couvre-feu avaient été décrétés. Des perquisitions et arrestations eurent lieu en masse. 600 gendarmes dont de nombreux GIGN avaient été déployés. Au total plus de 2 600 personnes auraient été interpellées par les forces de l’ordre.
Emmanuel Macron avait annoncé le 23 mai 2024 le report de la réforme sur le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Cela n’a pas empêché l’État d’arrêter et de déporter juste après les principaux dirigeants de la contestation, une façon pour l’État de leur faire payer la révolte de la jeunesse Kanak.