CO N°1353 (5 juillet 2025) – Haïti – La situation des masses pauvres se détériore

Le gouvernement s’agite face à l’avancée des gangs. Il compte sur l’emploi de drones kamikazes, la présence de mercenaires étrangers ou les policiers de la mission d’appui de l’ONU.

Ce sont des interventions qui sont spectaculaires mais font peu de dommages au niveau des bases des gangs. Ils se sont adaptés aux frappes de drones, ils ont des abris sécurisés. Ils étendent leur implantation. Après avoir pris le contrôle de villes sur la route de la République dominicaine, ils ont envahi une autre ville sur la route qui mène vers le nord du pays le 22 juin. Les bandits ont pillé et incendié de nombreuses maisons faisant 6 morts et plus de 9 000 déplacés.

Dans leur extension vers la province, ils menacent de s’emparer de la ville de Péligre, une position stratégique où se trouve le barrage hydro-électrique de Péligre qui fournit l’électricité à tout le pays.

Les entreprises privées, les commerces ont fermé dans la capitale et son département. Quelques usines fonctionnent encore sur la zone industrielle du parc Sonapi à Port-au-Prince. Dans la zone franche proche de la République dominicaine, ce qui frappe c’est le nombre d’usines qui ferment, malgré le marché dominicain proche.

Les politiciens poursuivent leurs gesticulations. La dernière est la préparation d’un référendum sur la « nouvelle constitution » un texte qu’ils ont écrit entre eux et demandent à la population de ratifier. Les médias en font la publicité à la radio, la télé et dans les journaux : 180 millions de gourdes (près de 120 millions d’euros) sont dépensés pour ce programme. C’est le forcing pour le gouvernement et le Conseil électoral afin de trouver une date de référendum qui leur donnera une illusion de pouvoir, alors que le pouvoir est du côté des gangs et de leur force armée.

Pour la population, l’insécurité est devenue une guerre menée par les gangs contre elle, elle subit le joug et fait le dos rond tant qu’elle ne peut pas répliquer.

Dans certains quartiers, quelques actions sporadiques entretiennent la possibilité de riposte de la population. Le 17 juin, pour forcer le gouvernement à s’acquitter de ses responsabilités, des membres de la population, très remontés, ont fermé la centrale hydroélectrique de Péligre, principale source d’électricité du pays. Une coupure de courant qui a plongé dans le noir toute la capitale, Port-au-Prince, et ses environs.

Quand la population se mobilise, les gangs se replient dans leur refuge. Ils savent qu’ils ne seront jamais pardonnés pour les multiples souffrances qu’ils font endurer aux masses populaires. Ces bandits veulent faire croire qu’ils sont leurs bienfaiteurs, leurs défenseurs, leurs protecteurs avant que d’un coup cette population ne se réveille et ne prenne sa revanche sur ses bourreaux.

L’histoire ancienne et récente des luttes des masses exploitées haïtiennes contre la dictature est jalonnée d’exemples où, acculées et réduites en silence, elles sont sorties victorieuses des luttes engagées contre ces dictateurs.