Nous publions ci-dessous un article de notre camarade Serge Benham de Lutte ouvrière.
Samedi 8 novembre, grâce aux voix du Parti socialiste et à l’abstention de députés écologistes et PCF, l’Assemblée nationale a voté la partie « recette » du budget de la Sécurité sociale.
Le prétexte avancé par le Parti socialiste est que ce vote permet aux députés de continuer les débats et d’examiner la partie « dépenses » de la Sécurité sociale, la partie qui, selon Olivier Faure, contient « le musée des horreurs » mais aussi la fameuse « suspension » de la réforme des retraites que le PS a exigée pour ne pas censurer le gouvernement.
Le PS se targue donc d’avoir « corrigé en profondeur le projet du gouvernement », dans lequel il n’y aurait plus d’« horreurs ». En réalité, il entérine un certain nombre de mesures anti-ouvrières, comme la baisse des cotisations patronales sur les heures supplémentaires ou la hausse de la CSG sur l’épargne salariale et les plans d’épargne logement. Il avalise aussi des recettes qui épargnent encore et toujours les entreprises et leurs profits. Ainsi, les laboratoires pharmaceutiques, qui se gavent sur le budget de la Sécurité sociale à hauteur de plusieurs dizaines de milliards par an, ne seront pas mis à contribution, ni les banques qui encaissent pourtant chaque année plusieurs milliards d’euros au titre des intérêts sur les emprunts de la Sécurité sociale. Les recettes de celle-ci continueront donc d’être alimentées presque exclusivement par les salariés, au travers des cotisations sociales.
Le problème du PS n’est pas le financement de la Sécurité sociale mais ses ambitions politiciennes. Il a de toute évidence fait le choix de la « responsabilité » vis-à-vis de la bourgeoisie en offrant une solution parlementaire au gouvernement Lecornu. Il faut aussi dire qu’il est motivé par ses propres positions : si le gouvernement tombait et que des élections législatives avaient lieu aujourd’hui, bien des députés PS ne retrouveraient sans doute pas leur poste. L’un dans l’autre, le PS fait ce qu’il sait faire : contribuer au fonctionnement de la machine étatique de la bourgeoisie, pour le profit de celle-ci et dans son intérêt politicien bien compris.
L’Assemblée nationale s’est penchée ensuite sur le volet des « dépenses », examiné depuis samedi 8 novembre, avant de partir au Sénat mercredi 12 au soir. Le gouvernement et le PS jouent visiblement la montre, pour ne pas avoir à assumer ce budget par un vote, en prétextant du calendrier trop serré. La Constitution prévoit qu’au bout de 50 jours sans vote du Parlement – un délai qui sera atteint le 12 décembre – le gouvernement a la possibilité d’appliquer par ordonnance le budget de la Sécurité sociale qu’il avait initialement prévu.
Toutes ces manœuvres, dont les classes populaires feront les frais sur leur santé et leurs revenus, amènent Mélenchon et LFI à dénoncer le PS, qui aurait changé de camp, ainsi que les députés écologistes et du PCF, qui le soutiennent de fait. Mais ni le PS, ni les écologistes, ni même le PCF n’ont changé de camp. Depuis 1981, ces partis ont gouverné ensemble pendant vingt années cumulées, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, contre les travailleurs, multipliant les « réformes » anti-ouvrières de la Sécurité sociale et des retraites, y compris avec la participation assumée de Mélenchon. Il y a à peine plus d’un an, ces partis, jusqu’à LFI, étaient alliés, prêts à gouverner ensemble, au sein du NFP, et en tout cas d’accord pour permettre l’élection de députés macronistes ou LR au nom d’un « front républicain » contre le RN. Cela dit assez que, pour les travailleurs, il n’y a rien à attendre de ces alliés d’hier qui se déchirent aujourd’hui.