Depuis le mois de février, les prix des produits de première nécessité ont été multipliés par deux ou par trois. Le prix de la marmite (500g) de haricots est passé de 100 à 200 gourdes, la marmite de riz de 75 à 100 gourdes, une mesure (50cc) d’huile qui valait 30 gourdes en vaut 60. Le charbon, la farine, le maïs moulu deviennent inaccessibles. La majorité des familles peinent à joindre les deux bouts.
En février 2022, le gouvernement avait revalorisé le salaire minimum journalier dans les usines de textile. Il est passé de 500 gourdes (4,50euros) à 685 gourdes (6,20 euros). Le gouvernement avait lâché du lest pour faire taire la contestation de milliers d’ouvriers qui manifestaient sur la zone industrielle depuis un mois.
Pour les ouvriers, la montée des prix efface cet ajustement de salaire arraché lors des manifestations. Les marchandes de repas devant l’usine ont augmenté le prix des plats et des boissons disant qu’elles aussi achètent tout plus cher. Un plat qui valait 150 gourdes passe à 200 ou 250 gourdes, le jus passe de 50 à 75 gourdes. Le jour de paie, après que le patron a retranché les taxes et les prélèvements illégaux, l’ouvrier doit aussi payer les repas pris à crédit, les dettes, la tontine. Au final il ne lui reste quasiment rien à ramener à la maison.
D’autres travailleurs comme les ouvriers des dépôts, les pompistes, les agents de sécurité et plusieurs autres secteurs n’ont jamais vu une gourde de l’ajustement décrété par le gouvernement. Ils subissent eux aussi durement la cherté de la vie.
Face à cette situation les ouvriers ne baissent pas les bras, l’usine est un lieu où certains se rencontrent et discutent : un moyen pour que les travailleurs ne perdent pas sur leur pouvoir d’achat est d’exiger que les patrons les payent en dollars directement ou en gourdes en appliquant le taux de change du jour. C’est possible puisque les commandes sont passées en dollars et que la majorité des cadres sont payés en dollars. Pourquoi pas les ouvriers !