La grève lancée par les syndicats des chauffeurs du transport en commun la semaine du 28 septembre a été généralement respectée. Les administrations publiques et privées étaient aussi fermées, même les djobeurs et petites marchandes ne travaillaient pas.
Le lundi 3 octobre, la rentrée des classes ne s’est pas faite comme prévu. Dans la capitale bloquée depuis deux semaines, on voit toujours les traces des barrages routiers, des pneus enflammés, des carcasses de véhicules et les tas de détritus qui n’ont pas été évacués. Les piétons et les rares véhicules ont du mal à se frayer un chemin.
Le chef de gang dénommé Barbecue bloque le terminal pétrolier de Varreux où sont stockés 90% des réserves de carburant, engendrant une pénurie. Chez le revendeur, le carburant passe de 250 gourdes à 300 ou 400 gourdes pour un gallon de quatre litres.
De nombreuses institutions dont des hôpitaux annoncent la réduction de leurs activités ou leur fermeture à cause du manque de carburant. Les patrons des usines de la zone franche dans le nord-est du pays, qui emploient 12 500 ouvriers, annoncent l’arrêt de leurs activités par manque de carburant.
Des manifestations se sont poursuivies en province aux Gonaïves, au Cap-Haitien, Mirebalais, Jacmel, des mouvements de protestation contre la hausse des prix des carburants et pour exiger le départ du premier ministre Ariel Henry. Dans ces régions, les activités sont à l’arrêt. Des magasins ont été vidés par les manifestants.
Dans de nombreux quartiers populaires, le souci majeur est de savoir où trouver de l’eau potable et des marchandes ou des boutiques qui servent de la nourriture. Sur la zone industrielle, il y a de nombreux travailleurs qui vont tous les jours devant l’entrée du parc SONAPI voir si leurs usines sont ouvertes.
Les gangs continuent des attaques ciblées contre les travailleurs de la sous-traitance. Mardi 28 ils ont envahi une usine, tirant pour faire fuir les ouvriers. Un travailleur sourd-muet a été abattu à l’intérieur de l’usine. Les gangs leurs reprochent de sortir pour aller travailler et cela gêne le blocage qu’ils veulent imposer aux habitants des quartiers.
Certaines usines ont repris partiellement. Les ouvriers qui ont pu se frayer un chemin sont venus. Ils ont fait la route à pied, faisant de longs détours pour contourner les barricades. Ceux qui le peuvent, restent chez un proche qui habite non loin de la zone industrielle.
Les ouvriers sont les premiers à subir les conséquences directes de la hausse des prix du carburant. Une ouvrière témoigne. « Nous serions les derniers à pleurer le départ de Ariel Henry du pouvoir, mais nous nous concentrons sur ce qui est nécessaire de faire pour contraindre les bourgeois et leurs valets à satisfaire nos revendications : un ajustement du salaire minimum immédiatement, le retrait du décret augmentant les prix des produits pétroliers, la baisse du coût de la vie, la fin de l’insécurité. Ariel Henry ou un autre, cela ne nous apportera rien. Ce sont tous des pourris au service des classes riches. »