Depuis plusieurs décennies, une vague de grèves aussi importante que celle commencée en juin 2022, ne s’était pas vue. Cette lutte pour les salaires et sur les conditions de travail s’est amplifiée en décembre et se poursuit aujourd’hui.
En décembre, plus d’un million de grévistes ont exprimé leur mécontentement dans le secteur public comme dans le privé.
Depuis, les infirmières, les ambulanciers, les cheminots, les postiers, les employés de G4S (entreprise de sécurité), les chauffeurs de bus londoniens, le personnel de sécurité de l’Eurostar, les douaniers, les bagagistes de l’aéroport de Heathrow à Londres, les enseignants écossais, les inspecteurs du permis de conduire, les agents d’autoroute… ont tous débrayé ces dernières semaines.
Dans la fonction publique les augmentations de salaire proposées par les directions ne dépassent pas 5 %, alors que les prix ne cessent d’augmenter. Le prix de l’énergie a doublé et celui des aliments a augmenté de 16 % en un an. Gouvernement et patronat refusent d’augmenter les salaires au niveau de l’inflation (près de 11 % en novembre).
Le Premier ministre multimillionnaire Rishi Sunak et son gouvernement font la sourde oreille. Ils ont prévu de remplacer les ambulanciers ou les douaniers grévistes par l’armée. Sunak estime ces augmentations « déraisonnables ».
Le ministre des transports, Mark Harper, avait déclaré « qu’il ne jettera pas l’argent des contribuables » aux travailleurs. Par contre, ces dernières années, 410 milliards de livres sterling, l’argent des contribuables, ont été jetés aux capitalistes et aux actionnaires, pour « sauver les entreprises » des effets du Brexit et de la pandémie.
Les grévistes sont déterminés à ne rien lâcher. Un calendrier de lutte, où les jours de grève ont été fixés, a été décidé dans différents secteurs pour le mois de janvier. Pour éviter les grèves, le gouvernement envisage de durcir à nouveau la législation anti-grève.
Pour l’instant, il n’y a pas de mouvement d’ensemble. Les grèves sont ponctuelles et dispersées. Pour gagner, les travailleurs qui montrent une telle combativité auraient intérêt à unir leurs luttes, utiliser leur force collective pour déboucher sur une grève générale. Pour cela, comme en France, et ailleurs, les travailleurs auraient intérêt à s’organiser eux-mêmes et sortir du carcan que leur imposent les organisations syndicales qui font tout pour que les luttes n’aillent pas jusqu’à la grève générale. Car ces syndicats font aussi la police de la bourgeoisie parmi les travailleurs pour qu’ils n’aillent pas trop loin. Les luttes qu’ils soutiennent, ou qu’ils organisent, la plupart du temps sous la pression de la colère ouvrière, ne leur servent qu’à justifier leur existence. Elles leur servent à donner l’illusion aux travailleurs qu’ils sont leurs véritables défenseurs et aussi pour être les véritables interlocuteurs de la bourgeoisie au-dessus de la tête des travailleurs.