C’est le nom que les Amérindiens Caraïbes avaient donné à l’île qui signifiait « l’île aux belles eaux ». Puis Christophe Colomb l’a baptisée « Guadeloupe » en référence à la vierge espagnole de Guadalupe. Aujourd’hui, la course aux profits capitalistes du monde moderne a fait de ces eaux un bouillon de culture microbien. Et la vierge n’a pas fait de miracles.
L’île aux belles eaux, c’est son titre pour la pub touristique : ses plages de mer bleue et sable blanc, mais surtout, pour sa cinquantaine de rivières, sa dizaine d’étangs naturels, son lac de cratère… À cela s’ajoutent les retenues d’eaux sur les ravines dont celle de Gaschet en Grande Terre et celles de Dumanoir d’une capacité de 630 000 m3 et le barrage de Moreau (995 000 m3) en Basse-Terre. L’eau n’est donc pas une denrée rare en Guadeloupe. Et les pluies sont fréquentes.
Pourtant, les supermarchés s’enrichissent de la quantité d’eau en bouteille que les habitants sont obligés d’acheter pour subvenir à leurs besoins. Les robinets sont souvent à sec, et les porte-monnaie des ménages sont asséchés. Mais lorsqu’elle coule, pas une semaine ne passe sans une annonce, sur les ondes, de l’Agence Régionale de Santé, d’une eau impropre à la consommation, ou de baignades en mer interdites, à cause de présence de bactéries fécales ou autres pesticides tel le chlordécone. Ces annonces surviennent plusieurs jours après l’apparition de cette pollution, et là aussi aucune étude n’existe des conséquences sur la santé du consommateur.
L’administration se penche-t-elle sur l’origine de ces pollutions ? En tout cas, les rapports d’inspection qui devraient être publics restent à la préfecture ! Pourquoi ? Pour que les pollueurs, comme ceux du chlordécone restent impunis ? Pour que les économies faites sur la mise aux normes de la qualité de l’eau et des tuyaux soient étouffées ? Pour que les responsables ne soient jamais condamnés ? Pour que les gros commerçants poursuivent le pillage de nos portemonnaies ?
Pour se doter des moyens contre ce véritable massacre de l’environnement et de notre santé, la première condition c’est la réfection totale de tout le réseau d’eau et des stations d’épuration. Cela couterait au moins deux milliards. Lorsque la colère de la population explosera massivement car elle en a plus que marre du manque d’eau ou du manque d’eau potable, les choses changeront certainement bien plus vite.