Desi Bouterse, ancien président du Suriname, est mort à l’âge de 79 ans. Il était en fuite pour échapper à la prison, suite à une condamnation pour l’exécution de 15 opposants à son régime.
Le Suriname est un pays frontalier de la Guyane. Cette ancienne colonie des Pays Bas a obtenu l’indépendance en 1975. En 1980, Bouterse, un militaire, s’empare du pouvoir par un coup d’État, il conserve le pouvoir jusqu’en 1987. Un nouveau coup d’État en 1990 lui permet de diriger à nouveau le pays durant un an. Il est finalement vainqueur d’élections en 2010 et reste au pouvoir jusqu’en 2020.
Une guerre civile éclate en 1986. Elle oppose deux camps, celui de Bouterse, et celui de Ronnie Brunswijk, son ancien garde du corps. Ce dernier s’appuie sur la population bushinenguée, les descendants des Noirs Marrons qui ont fui les plantations esclavagistes. Ces derniers sont victimes de la politique du gouvernement accusé de privilégier la population mulâtre urbaine dans un pays très pauvre. Mais l’enjeu des dirigeants tourne plutôt autour du contrôle du trafic de cocaïne.
Bouterse s’est dit un moment pro-castriste et a obtenu une aide de Cuba et de l’URSS, mais a fait machine arrière après l’invasion des USA à Grenade en 1983.
Le 29 novembre 1986, 39 personnes sont assassinées dans le village bushinengué de Moïvana par les forces gouvernementales. Plusieurs milliers de Bushinengués fuient vers l’autre rive du fleuve Maroni, vers la Guyane française frontalière où résident des groupes de leur communauté.
Bouterse a été condamné en 2003 à 20 ans de prison pour l’assassinat des 15 opposants en 1982. Il n’a jamais purgé sa peine. Après un dernier recours en appel en décembre 2023, la condamnation étant maintenue, il a pris la fuite et vivait caché, jusqu’à son récent décès. Il avait été aussi condamné aux Pays-Bas à 11 ans de prison pour trafic de cocaïne.