Chaque année, des organisations politiques et syndicales organisent une commémoration au Moule pour se souvenir de ce massacre dit de la Saint-Valentin. Justinien Capitolin, Edouard Dernon, François Serdot et Constance Dulac, enceinte, ont été tués par les tirs des CRS.
On a de plus recensé une quinzaine de blessés dont un homme amputé de la jambe gauche.
Cette tuerie a eu lieu dans le cadre de la grève des ouvriers de l’usine de Gardel qui produit du sucre de canne, débutée en novembre 1951. Ils réclamaient une augmentation de salaire de 100 francs de l’heure et des journées de travail moins longues. Les petits planteurs ont aussi rejoint la grève, exigeant un meilleur prix de la tonne de canne.
En janvier 1952, la grève s’est étendue aux fonctionnaires qui demandaient une augmentation de leurs salaires. Sur toutes les plantations agricoles un appel à la grève illimitée a été lancé. Le mouvement s’est propagé dans le nord Grande-Terre, à Anse-Bertrand, mais aussi en Basse-Terre, à Capesterre et à Sainte-Rose.
À l’époque le patron de l’usine Gardel, Amédée Aubéry, a fait appel aux CRS quelques jours avant la tuerie. Ces forces de répression barrent le passage des grévistes, à l’entrée de la ville. La tension monte. Le jeudi matin, le 14 février, les CRS ouvrent le feu sur la population sous la direction du lieutenant Chevalier. Le lendemain le préfet de la Guadeloupe Gaston Villeger augmente le salaire de 88 francs.
La situation des usiniers était prospère, ils engrangeaient d’énormes bénéfices tandis que la classe ouvrière vivait dans la misère, les salaires étaient très bas. Dans leur lutte pour de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail, les travailleurs devaient affronter la violence meurtrière des usiniers et de l’État colonial à leur service.