L’État a trouvé une parade pour réprimer loin des témoins : le dépaysement des dossiers gênants pour lui. C’est ce qu’il vient de décider concernant celui de Kéziah Nuissier, ce jeune manifestant martiniquais qui a été frappé et insulté par des gendarmes mobiles. Le procès devait avoir lieu à Fort-de-France le 17 mars.
Lors d’une manifestation, les gendarmes mobiles appelés de Guyane avaient chargé les manifestants aux abords de l’hôtel de Police. Cela se passait en juillet 2020 lors de l’audition de manifestants accusés d’avoir agressé physiquement des gendarmes mobiles au Robert lors du blocage d’un centre commercial appartenant à Bernard Hayot.
Kéziah Nuissier avait été copieusement battu et insulté avec des propos racistes par les forces de répression. Il avait dû être hospitalisé et avait fait l’objet d’un arrêt de travail de plusieurs jours.
Cette agression avait soulevé un tollé et causé des manifestations de plus en plus importantes dans la population.
Par la suite, prétextant un différend entre le procureur et les avocats du jeune prévenu, le parquet a demandé que l’affaire soit dépaysée. L’État a ainsi trouvé un échappatoire juridique pour tenter de désamorcer la tension : le dépaysement pour que « la justice soit rendue dans la sérénité ».
L’État espère poursuivre sa répression juridique loin du lieu où ses hommes de mains ont commis leur forfait. Mais rien ne dit qu’il bénéficiera de la tranquillité qu’il espère.