CO N°1253 – Éditorial : À bas la violence policière et sociale

Samedi 21 novembre, Michel Zecler, originaire de la Martinique, a été battu jusqu’au sang par des policiers à Paris, parce qu’il est noir. C’est, sans caméras, le lot quotidien de bien des jeunes des banlieues françaises.

En Martinique, il y a peu de temps, les coups et les insultes des gendarmes blancs sur le jeune Kéziah Nuissier ont révolté une partie de la population.
Zecler et Kéziah, deux « sales nègres » : voilà une violence verbale qui laisse bien plus de traces sur les victimes que les coups physiques. Et les dégâts moraux touchent bien plus de gens que les victimes directes.
Cependant, ces violences policières ne sont que l’expression du bras armé d’un système général quotidien de répressions et de violences, économiques, sociales, morales, mais pas moins sévères. Dans cette société, les travailleurs sont continuellement sous surveillance dans les entreprises, les opinions doivent être tues, sous peine d’être mis à l’index ou encore d’être sanctionné ou licencié. La moindre grève, la moindre manifestation et voilà gendarmes ou CRS dépêchés contre les travailleurs.
De toute façon, la violence sociale s’abat continuellement. Licenciements, baisses de salaires, augmentation du temps de travail sont légion. Le nombre de gens soudainement plongés dans la pauvreté et la précarité a doublé aux Antilles comme en France.
Les grands patrons et les possédants disposent d’un arsenal de textes de lois leur permettant d’exploiter et de réprimer les travailleurs. L’État en est le garant. Aujourd’hui, ils profitent de la loi d’urgence sanitaire qui permet aux patrons d’imposer encore plus les congés ou de les supprimer à leur guise, d’augmenter les heures de travail. L’accord de performance collective donnait déjà plus de latitude au grand patronat pour baisser les salaires au nom de la survie des entreprises. Entreprises qui ferment quand même après les sacrifices consentis par les travailleurs.
La loi de sécurité globale encore en discussion est aussi une manière de restreindre les libertés publiques.
Tout est fait en particulier pour que les travailleurs et les classes populaires « restent à leur place ». C’est-à-dire qu’ils acceptent la misère, la précarité, le chômage, les discriminations raciales, religieuses ou sociales sans broncher. Car le grand patronat et la classe dominante, la bourgeoisie, entendent avoir des salariés à exploiter le plus facilement possible. Voilà à quoi sert leur police, leur armée au besoin, leurs lois, le mille-feuille de leur arsenal juridique complexe.
Les esclaves modernes, les esclaves salariés devraient se taire et accepter l’exploitation !
Alors, face à cette dictature bourgeoise et patronale, ceux qui se battent ont mille fois raison. La manifestation du 5 décembre à Pointe-à-Pitre contre l’expulsion de 19 immigrés haïtiens, celle du 8 décembre contre la loi de sécurité globale, et les manifestations anti-chlordécone en Martinique, montrent que la combativité est bien vivante.
En Guadeloupe et en Martinique, les travailleurs mènent depuis la rentrée des grèves : défensives, limitées certes, mais des luttes pour la dignité. Plusieurs d’entre elles ont été couronnées de succès comme la grève de Nicollin, celle de la Régie des eaux de Sainte-Rose en Guadeloupe, du SMTVD et de la plantation Bamaryl en Martinique. Voilà qui est bon pour le moral.
Toutes ces luttes, même celles qui ne sont pas victorieuses, sont aussi la preuve que les salariés, ces esclaves modernes, ont la capacité de s’opposer à la violence que leur fait subir l’ennemi patronal et politique. C’est d’abord en empruntant ce chemin-là, pour aller encore plus loin, qu’ils gagneront des positions plus fortes dans cette guerre de classe.