Le 30 décembre 1920, le Parti communiste français (PCF) fut créé lors du congrès de Tours par une fraction d’anciens militants de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), l’ancêtre du Parti socialiste français.
À la veille de la Première Guerre mondiale, le principal parti ouvrier était la SFIO créée en 1905. La SFIO était membre de la Deuxième Internationale (ou Internationale ouvrière), un regroupement de partis révolutionnaires de toute l’Europe.
Ces partis socialistes avaient fait pénétrer parmi une fraction importante des travailleurs la conscience d’appartenir à une classe sociale dont les intérêts sont fondamentalement opposés à ceux du patronat qui forme la bourgeoisie capitaliste. Ils diffusaient les idées de la révolution sociale pour renverser la bourgeoisie et construire une société débarrassée de l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Mais depuis longtemps, une tendance non révolutionnaire s’était emparée de la direction des partis socialistes et de la Deuxième Internationale. On appela cette tendance le « réformisme » ou « l’opportunisme » parce que ses partisans pensaient pouvoir arriver au socialisme par des réformes et des victoires électorales.
En août 1914, les députés de la SFIO votèrent pour la guerre contre l’Allemagne. Ce fut une démonstration publique de leur trahison envers la classe ouvrière et de leur allégeance à la bourgeoisie.
La plupart des autres partis de la Deuxième internationale prirent les mêmes positions nationalistes et soutinrent leur bourgeoisie alors qu’ils s’étaient engagés en 1912 à refuser une guerre impérialiste dans laquelle les bourgeoisies entraînent les ouvriers d’un pays ou l’autre à s’entretuer. Seule une poignée de militants, dont ceux du parti ouvrier bolchévique de Russie, maintinrent le drapeau de l’internationalisme ouvrier.
La révolution russe et la création de l’Internationale communiste
En 1917, la révolution ouvrière et paysanne éclata en Russie et le parti bolchévique mena les masses révolutionnaires vers la victoire contre la bourgeoisie russe. L’État ouvrier né de cette révolution se retira de la guerre en 1918 et se donna pour but d’étendre la révolution ouvrière partout en Europe et dans le monde.
Les révolutionnaires russes créèrent une nouvelle Internationale, la Troisième Internationale (ou Internationale communiste « IC ») et ils appelèrent les révolutionnaires à créer partout des partis communistes pour soustraire la classe ouvrière à l’influence des traîtres socialistes.
La naissance du PCF, section française de l’Internationale communiste
C’est à cet appel qu’ont répondu les fondateurs du Parti communiste français. La plupart étaient militants à la SFIO. Ils faisaient partie de ceux qui défendaient l’adhésion de la SFIO à la Troisième Internationale. Au congrès de Tours de la SFIO qui se tint du 25 au 31 décembre 1920, l’adhésion à l’IC fut adoptée à la majorité des présents (67,8 %). Ce vote créa une scission entre les révolutionnaires et les réformistes au sein de la SFIO. Le PCF (Section française de l’Internationale communiste) naîtra de cette scission.
Le jeune PCF comptait 130 000 membres et environ 200 000 sympathisants. C’est plus que la SFIO qui comptait 50 000 adhérents. Cependant cette dernière conservait la plupart des élus et gardait une forte influence sur la classe ouvrière organisée.
Le PCF, lui, a bénéficié de l’attraction créée par la révolution ouvrière en Russie sur les masses exploitées en France. Ce nouveau parti faisait trembler le patronat. Il dirigea d’importantes grèves notamment celle des métallurgistes du Havre de juin à octobre 1922. Petit à petit, le PCF gagna la confiance de beaucoup de travailleurs.
Sa base militante était profondément renouvelée par l’afflux de jeunes venus aux idées révolutionnaires après la guerre. Mais l’influence du réformisme restait bien présente. En réalité, ce nouveau parti avait gardé des déformations politiques et organisationnelles héritées de la SFIO. Par exemple, Frossard et Cachin, deux des principaux dirigeants du PCF à ses débuts, sont restés réformistes et des anti-bolcheviks. Cependant, lentement mais sûrement, l’atmosphère révolutionnaire de la Troisième Internationale pénétrait ce PCF.
La stalinisation du PCF
Malheureusement, avant même de pouvoir jouer son rôle de force révolutionnaire comme a pu le faire le parti bolchévique en Russie, le PCF s’est bureaucratisé et s’est enlisé dans le stalinisme.
Le stalinisme correspond à la formation dans l’appareil de l’État ouvrier russe ainsi que dans la Troisième internationale d’une couche sociale de bureaucrates. Ils se sont choisis comme chef Joseph Staline, un ancien dirigeant bolchévique ayant trahi les idées révolutionnaires. Les bureaucrates staliniens n’étaient pas des révolutionnaires. Ils ont gagné des positions dans l’appareil d’État dégénéré en URSS et ont éliminé les vrais révolutionnaires d’abord en les excluant du parti bolchévique et de l’IC, puis en les enfermant dans des prisons et des camps et en les faisant assassiner.
Le PCF a soutenu toute la politique contre révolutionnaire stalinienne à partir des années 1923-1924 et c’est ce qui explique son évolution jusqu’à nos jours, conservatrice, nationaliste, social-démocrate.
Pour un parti ouvrier communiste et révolutionnaire
Le PCF demeure de par sa composition sociale, malgré ses tares politiques et son affaiblissement électoral, un parti ouvrier intervenant dans une grande partie de la classe ouvrière et des couches populaires. Il existe encore chez lui des militants fidèles à l’idéal communiste en dépit de la direction stalinienne qui, elle, a abandonné les perspectives révolutionnaires communistes. Pire, le PCF a pesé de tout son poids pour tenter d’empêcher qu’un courant révolutionnaire existe parmi la classe ouvrière. Il n’y est pas parvenu puisqu’il existe en France aujourd’hui des militants authentiquement communistes et révolutionnaires par exemple ceux de l’organisation Lutte ouvrière, comme nous membre de l’UCI (Union communiste internationaliste). Bien plus petite que le PCF, avec des scores électoraux très faibles, cette organisation contribue néanmoins à redonner vie au véritable programme communiste révolutionnaire, aux véritables traditions bolchéviques, celles de la révolution d’octobre 1917 dirigée par Lénine et Trotsky. Ce sont ces militants-là avec tous ceux restés fidèles à cet idéal qui reconstruiront d’abord un noyau authentiquement communiste et révolutionnaire. Puis le parti se construira au travers des luttes larges et offensives de la classe ouvrière.