CO N°1252 (28 novembre 2020) – Éditorial : Quand les Noirs pauvres du monde « ne peuvent plus respirer »

Dans la nuit du 19 novembre, à Porto Alegre au Brésil, Joao Freitas, un homme noir de 40 ans, a été battu à mort par des vigiles blancs à l’entrée d’un supermarché Carrefour. Selon un témoin, Joao aurait crié aux vigiles qu’il ne peut pas respirer. Dès le lendemain, des milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays et ont saccagé des magasins Carrefour.

Ce meurtre raciste fait écho à celui de George Floyd aux États-Unis mort étouffé par un policier blanc raciste en mai 2020. La colère avait explosé dans tout le pays et des millions de personnes avaient manifesté dans le monde entier.

Rien qu’aux États-Unis, tous les jours, un Noir se fait tuer par la police raciste.

En France, le 17 octobre 2020, Olivio Gomes, un homme noir a été tué de trois balles par un policier blanc lors d’un contrôle routier. Le 13 septembre 2020, Mahamadou Fofana mourait noyé dans la Seine alors qu’il était poursuivi par la police. En 2016, Adama Traoré, 24 ans, mourait étouffé par des gendarmes.

Le colonialisme et l’impérialisme génèrent le racisme dont les dégâts sont incalculables. Un continent entier, l’Afrique, est pillé par l’impérialisme occidental. La Méditerranée est un cimetière marin pour des milliers d’Africains.  Dans les pays développés, les Noirs sont victimes de discriminations et de mépris. Ils sont condamnés aux travaux les plus pénibles pour des salaires de misère. Ils sont victimes de la précarité qui accroît les maladies comme l’obésité, l’hypertension artérielle et le diabète. Le Covid-19 tue quatre fois plus les Noirs que les Blancs aux États-Unis !

En Martinique et en Guadeloupe, la majorité de la population est noire et indienne mais les dominants sont Blancs. Les postes de direction sont en général réservés aux Blancs. La plupart des Blancs sont barricadés dans leurs quartiers huppés et beaucoup méprisent la population. Voilà les conséquences du colonialisme et du racisme officiel !

Le racisme a été créé pour justifier la mise en esclavage de millions de Noirs. Aujourd’hui le racisme conforte la mainmise et l’enrichissement d’une bourgeoisie blanche sur toute la planète.

Mais en perpétuant le racisme, la bourgeoisie se tire une balle dans le pied. Elle génère en effet des foyers de contestation qui explosent périodiquement.

Quand les manifestants brésiliens attaquent les magasins Carrefour, ils s’en prennent à la propriété privée des capitalistes. C’est un signe révélateur que le racisme ne vise pas les Noirs uniquement parce qu’ils sont Noirs mais aussi parce qu’ils sont pauvres.

Les Noirs pauvres du monde entier constituent une bonne fraction du prolétariat mondial. Aux États-Unis, dans la première puissance capitaliste mondiale, ils constituent une part importante du prolétariat révolté. La bourgeoisie américaine en est consciente. C’est pour cela qu’elle maintient la terreur raciste comme elle l’a toujours fait.

Face à cette bourgeoisie, les travailleurs noirs devront construire leurs propres partis révolutionnaires aux États-Unis et partout dans le monde. Avec de tels partis, ils pourraient transformer la lutte anti-raciste et les explosions ponctuelles en une révolution sociale générale pour se débarrasser de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, véritable source du racisme. Les chances de succès de cette révolution sociale dépendront alors de la capacité du prolétariat noir à entraîner dans la lutte le prolétariat blanc et les autres exploités. Mais quelle que soit la forme que prendront les révolutions prolétariennes à venir, elles seules seront émancipatrices du peuple noir et de tous les exploités de la terre.

C’est le programme des communistes révolutionnaires que nous sommes.