Le 14 février 1952 au Moule, la grève générale des ouvriers de la canne est réprimée dans le sang. Le massacre fait quatre morts et de nombreux blessés.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’industrie sucrière en Guadeloupe connaît une période de prospérité avec les pénuries de sucre en Europe. Les profits des usiniers explosent et les salaires des ouvriers ne suivent pas. Pour les ouvriers c’est l’exaspération. Ils subissent la misère de plein fouet à cause de l’inflation et de la faiblesse des salaires.
À la fin de l’année 1951, des grèves éclatent dans les usines sucrières de Roujol à Petit-Bourg et de Bonne-Mère à Sainte-Rose, à propos des salaires. En janvier 1952 les négociations entre usiniers et ouvriers, avant le début de la récolte, n’aboutissent pas à des augmentations suffisantes. Les ouvriers de Bonne-Mère, toujours en grève, sont rejoints le 18 janvier par ceux de l’usine Marquisat à Capesterre-Belle-Eau. Début février la grève se généralise dans les plantations et les usines sucrières du territoire.
L’attitude des autorités, qui se concertent avec les grands propriétaires békés, amplifie la colère des grévistes. Le 8 février 1952 à Morne-à-l’Eau, les CRS sont envoyés à l’usine Blanchet pour briser le mouvement et assurer le fonctionnement de l’usine. La population ne se laisse pas faire, affronte les CRS et empêche l’usine de fonctionner normalement.
Le 11 février, à la demande du patron de l’usine Gardel, les CRS commencent à occuper la ville du Moule. Pendant plusieurs jours la tension est forte. Les forces de répression qui occupent la ville provoquent, contrôlent brutalement, intimident les habitants.
Le 14 février les CRS sont en nombre au Moule, des gendarmes arrivent aussi en renfort. L’atmosphère était devenue explosive. L’arrestation d’un passant, tôt le matin, attise encore plus la colère. Des centaines de personnes se massent et érigent deux barrages afin d’empêcher le passage des charrettes qui transportent la canne à sucre vers l’usine Gardel. Peu après 11 h une manifestation se forme et remonte le boulevard Rougé depuis les barricades jusqu’au niveau du quartier Petite Guinée. C’est là, vers 11h45, que les CRS ouvrent le feu. Ils tirent à plusieurs reprises et sans retenue au vu des nombreux impacts de balles. Ils tuèrent quatre passants : Justinien Capitolin, Édouard Dernon, Constance Dulac, enceinte, et François Serdot, et firent 14 blessés par balles.
Les ouvriers obtinrent une augmentation de salaire. Cet évènement fait partie d’une longue série de massacres d’ouvriers en lutte en Guadeloupe et en Martinique depuis l’abolition de l’esclavage en 1848.