Armand Nicolas, ancien secrétaire général du Parti communiste martiniquais (PCM), est décédé le samedi 29 janvier 2022. Ses funérailles ont eu lieu à Fort-de-France le samedi 5 février 2022.
Armand Nicolas était un enseignant qui se réclamait du communisme. À ce titre, il a été membre du Parti communiste français avec Aimé Césaire. Après le départ de Césaire en 1957, il resta au PCF et créa par la suite le Parti communiste martiniquais, étroitement lié au PCF et à l’URSS. Il a été secrétaire général du PCM de 1963 à 1992.
Avec ses autres camarades Guy Dufond, Walter Guitteaud et Georges Mauvois, Armand Nicolas a été victime de l’ordonnance d’octobre 1960 prise par De Gaulle. Ce dernier avait décidé de muter en France, loin de leur pays d’origine, les fonctionnaires anticolonialistes et autonomistes. Les quatre avaient refusé la mutation et perdu leur statut de fonctionnaire. Ils ne seront réintégrés que près de quinze ans plus tard après une amnistie.
Historien, Armand Nicolas est notamment connu pour avoir produit une « Histoire de la Martinique » qui est un ouvrage en trois tomes, mais aussi une brochure « La révolution anti-esclavagiste de Mai 1848 ». Il fit découvrir le 22 mai, aujourd’hui grande journée fériée de commémoration. Ces écrits ont été des références historiques pour des générations de militants et de jeunes historiens qui y ont trouvé des sources rétablissant le rôle fondamental de la lutte des esclaves. Bien que se réclamant du communisme, cela faisait très longtemps qu’Armand Nicolas et ses camarades ne se référaient plus à la lutte de classes.
Armand Nicolas et ses camarades étaient staliniens et non communistes. Puis, de plus en plus, le PCM a adopté les slogans et les discours politiques des partis nationalistes de Martinique, notamment le MIM (Mouvement indépendantiste martiniquais) de Marie-Jeanne, pour qui il est devenu un supplétif. Il renonçait par là-même à organiser les travailleurs afin qu’ils puissent jouer leur propre rôle dans les luttes à venir. C’est ainsi que le PCM défend « l’économie martiniquaise », « la production martiniquaise », allant jusqu’à condamner certaines grèves qui mettaient en péril ces priorités, selon lui. Le PCM a ainsi choisi de se consacrer au travail dans les assemblées comme le Conseil régional ou la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) plutôt qu’au militantisme révolutionnaire dans les entreprises, au contact des travailleurs. Le PCM fut très implanté, anciennement dans des communes comme Macouba, Basse-Pointe, le Lamentin, Morne-Rouge, Saint-Esprit, qu’il a dirigées. Ses militants furent anciennement à l’origine de nombreuses luttes et de nombreuses conquêtes sociales. Ce parti aura compté dans l’histoire du mouvement ouvrier de la Martinique. Puis il a perdu année après année son influence auprès des travailleurs.