Le 30 janvier, l’ANG (Alyans Nasyonal Gwadloup) qui était jusqu’à présent une association, s’est constituée en parti politique. Les membres de ce parti se définissent comme des patriotes et nationalistes guadeloupéens.
Ils militent pour la « nation Guadeloupe », sont dévoués à elle, et comptent faire augmenter ce sentiment au sein de la population.
À Combat ouvrier, nous sommes opposés au nationalisme, car c’est une idéologie qui englobe l’ensemble de la population, toutes classes confondues derrière l’étendard d’une nation, où tous œuvreraient unis pour les mêmes buts. Le nationalisme masque la réalité sociale. Nous sommes communistes révolutionnaires, nous luttons contre l’exploitation capitaliste et défendons une politique de classe. Nous sommes du camp des travailleurs et de la population pauvre de Guadeloupe, et de partout ailleurs. Au sein d’une population, il y a des intérêts opposés et irréconciliables entre les exploités et les exploiteurs, entre la classe capitaliste et la classe des travailleurs. Nous disons donc qu’il y a deux Guadeloupe, celle des riches et celle de la population pauvre. Les chômeurs, les travailleurs, le petit artisan ou le petit commerçant ne sont pas Guadeloupéens au même titre que les gros et riches possédants Hayot, Despointes, Vial Collet ou Bruno Blandin et consorts.
La protestation contre l’oppression politique et sociale de l’État français pourrait un jour prendre la forme d’une grande lutte nationale. Mais quelles qu’en soient ses motivations, le nationalisme a pour conséquence d’assujettir les travailleurs à leurs exploiteurs locaux au nom de « la Nation ». C’est pourquoi les travailleurs doivent s’organiser en parti politique indépendant vis-à-vis des courants bourgeois et petits-bourgeois nationalistes.
Le nationalisme est à l’origine l’idéologie de la bourgeoisie des pays riches à l’aube de la formation des « nations » contre la féodalité. Dans les pays colonisés, elle est l’idéologie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie locales qui rêvent d’arriver aux affaires confisquées par la nation dominante. Le nationalisme, même au sein d’un pays dominé ne peut donc pas être émancipateur pour les travailleurs et les pauvres de ce pays. Car entre un gros possédant, ou un médecin, un avocat, et un travailleur de la banane ou du bâtiment de ce même pays colonisé ou dominé, les derniers sont bien plus colonisés et dominés que les premiers. L’émancipation des travailleurs ne peut être l’œuvre que des travailleurs eux-mêmes.