Les ouvriers de l’habitation Lajus au Carbet se sont mis en grève le 1er mars 1948. Ils réclamaient des augmentations de salaire.
Le 4 mars, trois jours après le début de la grève, l’usinier Bally a piégé les ouvriers en les faisant venir sur l’habitation Lajus pour récupérer leur solde. En fin de journée, les ouvriers se sont dirigés vers le bourg. Le long du chemin, des gendarmes, envoyés par le préfet Trouillé, ont commencé à s’acharner sur les grévistes à coups de crosses. Les forces de répression ont tiré sur la foule et trois grévistes sont morts sous les balles : les deux frères André Jacques et Henri Jacques ainsi que Mathurin Dalin.
Deux ans avant, en 1946, la Martinique n’était légalement plus une colonie et était devenue un département français sur le papier. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les masses pauvres et les travailleurs étaient réduits à la misère et à une grande pauvreté. Souvent les travailleurs organisaient des luttes pour réclamer de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Ils s’appuyaient sur le syndicat CGT et sur le Parti communiste. Le préfet Trouillé avait mission d’empêcher la propagation des idées communistes sur l’île. Les luttes ouvrières très importantes à l’époque se soldaient souvent par des répressions dans le sang. Trois ans après, en mars 1951, le préfet Trouillé donnera encore une fois l’ordre de tirer sur des travailleurs en lutte. Ce sera la fusillade de la Chassaing.