CO N°1291 (10 septembre 2022) – États-Unis : une femme de Louisiane expose la cruauté de l’interdiction de l’avortement

Nous avons traduit ci-dessous un article du journal révolutionnaire trotskyste américain « The Spark ».

Nancy Davis, une femme enceinte de Louisiane, travaille avec Ben Crump, un éminent avocat spécialisé dans les droits civils, pour faire connaître au monde entier la situation déchirante dans laquelle se trouvent des femmes comme elle à cause des nouvelles interdictions de l’avortement.

La Louisiane a mis en place une interdiction de l’avortement avec très peu d’exceptions. De nombreux États ont adopté des lois similaires, collectivement appelées « lois de déclenchement ». Ces lois ont été adoptées par les États à l’avance pour devenir légales après la chute de l’arrêt Roe vs. Wade1.

Nancy Davis a été accablée en apprenant par une échographie à 10 semaines que la grossesse qu’elle souhaitait n’était pas viable. Le fœtus est atteint d’une maladie mortelle appelée acranie, qui tue les bébés, parfois quelques minutes après leur naissance. L’acranie est une maladie dans laquelle le cerveau n’a pas de crâne protecteur.

L’acranie n’étant pas explicitement répertoriée comme un état pathologique justifiant une exception à l’interdiction de l’avortement dans l’État, l’hôpital traitant Nancy Davis n’a pas voulu mettre fin à sa grossesse, qui en était à sa 13e semaine. En effet, les prestataires de soins craignaient d’être poursuivis. En vertu de la loi de Louisiane, les prestataires de soins médicaux risquent jusqu’à 15 ans de prison et la perte de leur licence médicale en cas de violation de l’interdiction de l’avortement.

« En gros, ils m’ont dit que je devais porter mon bébé pour l’enterrer », a déclaré Mme Davis. En partie pour payer les frais de voyage et en partie parce que son assurance santé prénatale, Medicaid, ne paie pas l’avortement, elle a dû mettre en place une campagne GoFundMe pour payer cet avortement médicalement nécessaire. Avec l’aide de 1000 dons, elle et son partenaire vont bientôt parcourir 900 miles jusqu’en Caroline du Nord, où l’avortement est légal jusqu’à 20 semaines.

Son avocat a déclaré : « En se plaçant entre Mlle Davis et ses médecins, les législateurs de Louisiane ont infligé une douleur indicible, des dommages émotionnels et des risques physiques. »

Nancy Davis a déclaré : « Ce n’est pas juste pour moi, et cela ne devrait arriver à aucune autre femme….. Être mère commence dès que le bébé est dans l’utérus… [à cause] de l’attachement et de tout ce qui l’accompagne. En tant que mère, en tant que parent, j’ai l’obligation d’avoir à cœur les meilleurs intérêts de mes enfants. »

La décision de Nancy Davis de riposter en rendant publiques les conséquences réelles de l’ingérence du gouvernement après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade dans les soins de santé reproductive des femmes est importante.

Les milliardaires d’extrême droite qui financent ces lois, les politiciens d’extrême droite qui les adoptent et les forces religieuses qui les promeuvent se drapent dans le mensonge qu’ils sont « pro-vie ». Qu’y a-t-il de « pro-vie » dans le fait qu’une femme soit forcée de risquer sa propre mort en portant un fœtus destiné uniquement à la douleur, la souffrance et la mort futures ?

L’avortement est une procédure de santé reproductive complexe et nécessaire. Le choix doit appartenir à la femme. C’est elle qui est le plus intimement liée à la vie impliquée : la sienne et celle du fœtus. Elle est la seule à connaître pleinement la douleur que coûte une telle décision, quelle qu’elle soit. Le choix doit lui appartenir.

1Roe vs Wade : arrêt de la Cour Suprême des Etats-Unis de 1973 qui légalise l’avortement. Cet arrêt a été récemment annulé par les juges réactionnaires de l’actuelle Cour Suprême, qui autorisent les États à légiférer en la matière. Beaucoup en ont profité pour restreindre considérablement le droit à l’avortement.