CO N°1294 (22 octobre 2022) – Iran – La colère s’étend

Des manifestations importantes ont lieu tous les jours en Iran depuis le 16 septembre. La répression très brutale n’empêche pas la mobilisation de s’étendre. Certains secteurs sont entrés en grève.

Le 13 septembre la police des mœurs a arrêté une étudiante de 22 ans, Mahsa Amini, parce que son voile ne cachait pas totalement ses cheveux. La jeune femme s’est retrouvée dans le coma suite à cette arrestation brutale et elle est morte trois jours plus tard.

Sa mort a déclenché une vague de protestation, d’abord dans sa région d’origine, le Kurdistan, puis dans toutes les villes du pays, grandes et petites.

Les manifestants dénoncent l’oppression subie par les femmes et par l’ensemble de la société, qui vit sous une dictature islamiste depuis 1979. Ils crient dans les rues « Mort au dictateur ! » contre l’ayatollah Khamenei. Les ayatollahs sont les dignitaires religieux musulmans qui cadenassent le pays depuis plus de 40 ans.

Les manifestants réclament plus de liberté et la fin d’un régime brutal et corrompu. Mais ils dénoncent aussi les mauvaises conditions de vie de la population. Les prix ont explosé en 2022, avec une inflation à 60 %. Au cours des dernières années, des révoltes populaires ont déjà eu lieu en Iran contre la vie chère, en 2017 puis en 2019.

À chaque fois, le régime se maintient au prix d’un bain de sang, en tirant à balles réelles sur les manifestants. Depuis que la protestation actuelle a commencé, il y a déjà eu au moins 100 morts et des milliers d’arrestations. Les personnes arrêtées sont incarcérées dans la prison d’Evin, où se trouvent les prisonniers politiques. Un incendie a eu lieu dans cette prison le 16 octobre, faisant huit morts, ce qui a renforcé la colère.

Malgré la répression, la mobilisation ne faiblit pas, elle s’étend. Le 10 octobre, les travailleurs d’une usine pétrochimique du sud du pays sont entrés en grève pour des hausses de salaire. Le lendemain, ils ont été rejoints par ceux de la plus grande raffinerie du pays. Des commerçants ont aussi baissé leur rideau dans le nord-ouest.