CO N°1304 (8 avril 2023) – Martinique – Évacuation des militants anti-chlordécone de « lakou kont non-lieu »

Le mardi 28 mars, très tôt le matin, une équipe de la direction territoriale de la police nationale, des médiateurs et les services de la ville, ont procédé à l’évacuation de l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France, rebaptisé « Lakou kont non-lieu ». L’intervention était renforcée par un escadron de gendarmes mobiles fortement armés.

Ces derniers se trouvaient dans une dizaine de camions bien équipés et garés plus loin. Des militants anti-chlordécone occupaient cet espace depuis le 24 janvier 2023 pour protester contre le non-lieu dans l’affaire du chlordécone.

Un arrêté municipal, du maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, avait été prononcé, prévoyant la fermeture de cet ancien palais de justice pour le lundi 27 mars au matin. Mais ce jour-là, sous les yeux de sympathisants et militants venus en solidarité, dont notre camarade Ghislaine Joachim-Arnaud, et de quelques habitants, les militants qui occupaient ce lieu ont protesté, et les policiers municipaux n’ont pu procéder à sa fermeture. Selon le maire, toutes les tentatives de médiation ayant échoué, il a finalement demandé au préfet le concours des forces de répression pour procéder à l’application de l’arrêté municipal.

La préfecture a expliqué dans un communiqué que : « La fermeture de ce site s’est déroulée sans incident et avait pour objectif de faire cesser les nombreux troubles de voisinage, notamment les nuisances sonores, ayant fait l’objet de dépôts de plaintes par les riverains et d’écarter tous les risques sanitaires et de sécurité générés ». Par contre, les militants ont expliqué que le procureur de la république dont le cabinet se trouve en face, à la Cour d’appel, était venu en personne sur les lieux, le lundi matin, pour dire aux militants, que « de toute façon, ils seront délogés, parce que pour lui, ils sont gênants ».

La justice coloniale a toujours cherché à museler et combattre tous celles et ceux qui luttent contre les injustices. Aujourd’hui, les empoisonneurs, eux, ne sont toujours pas inquiétés. Force est de constater que, pour les riches, l’impunité est toujours de rigueur.