CO N°1305 (22 avril 2023) – Le colloque du PCF sur l’outre-mer

Le mercredi 29 mars 2023, le Parti communiste Français (PCF) a organisé un colloque concernant l’outre-mer, sur le thème : « Un droit des Outre-mer au service du développement et de l’égalité républicaine ».

Les notables veulent plus de pouvoir local

Justice, le journal du PCM (parti communiste martiniquais) a noté la présence de Georges Érichot, secrétaire général du PCM, de Michel Branchi dirigeant du même parti, de Félix Flémin et Christian Céleste, dirigeants du PC guadeloupéen. Etaient invités également un certain nombre de notables et élus politiques d’outre-mer.

Après avoir échangé sur les limites des structures institutionnelles actuelles en lien avec la France, ils ont exprimé leur volonté de voir évoluer cette situation. Le PCG rappelant sa revendication d’un statut de collectivité autonome de Guadeloupe avec une « souveraineté partagée ». Victorin Lurel, sénateur, ex ministre des Outre-mer, parlant plus de stratégie de « gradualisme », pour convaincre le peuple. Après avoir entendu les rapports de Érichot et Branchi du PCM sur les limites de l’expérience de la CTM, les invités se sont montrés favorables à la proposition de Marcellin Nadeau : pour une nouvelle Convention de Morne-Rouge, reprise par Fabien Roussel secrétaire général du PCF.

La Convention de Morne-Rouge des 16, 17 et 18 août 1971  est une convention politique qui avait regroupé partis et groupes autonomistes, communistes et progressistes, syndicats des quatre départements d’outre-mer français de l’époque. Ils avaient affirmé : « la faillite de la départementalisation » et  revendiquaient  « la nécessité d’une autonomie politique pour les quatre territoires de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion. » Après 52 ans, les choses n’ont guère évolué. Fidèles à eux-mêmes, le PCF et ses alliés du PCM et du PCG ont proposé une « union » de partis et associations se réclamant de l’autonomie. Pour G. Érichot : « Il faut sortir de l’assimilation législative pour aller vers une nouvelle spécialité législative nous permettant de voter des lois pays, de protéger notre économie. »

Dans leurs projets : absence des travailleurs, des masses pauvres et de leurs luttes

Depuis quelques mois, le vœu d’Érichot semble être dans l’air du temps. Des militants politiques, des écrivains, des intellectuels s’expriment en ce sens. Le texte « faire pays » de l’écrivain Patrick Chamoiseau et signé par une série d’intellectuels va finalement dans le même sens.

Oh, les gouvernements français pourraient bien un jour ou l’autre reprendre ces propositions à son compte totalement ou partiellement, tant qu’elles demeurent acceptables et dans le politiquement correct. Mais rien ne les oblige à précipiter les choses. Ils prendront leur temps en faisant lanterner tout ce beau monde le plus longtemps possible. La convention de Morne-rouge c’était il y a 52 ans…

La politique des communistes révolutionnaires

Pour les militants révolutionnaires du mouvement ouvrier ce qui importe c’est de chercher toujours, dans chacune des perspectives économiques ou politiques, où se trouvent les intérêts spécifiques des travailleurs et des masses pauvres et les luttes qui vont avec. Car pour ces derniers, rien ne changera vraiment que par des luttes de masses larges au cours desquelles ils feront entendre leurs exigences propres.

Une partie de la petite bourgeoisie de Martinique et de Guadeloupe oscille dans le spectre des revendications nationalistes : du régionalisme plus poussé à l’indépendance en passant par l’autonomie ou des formes diverses de pouvoirs locaux. Dans nos pays issus de siècles de colonialisme sous toutes ses formes on le comprend très bien. Mais les intérêts spécifiques des travailleurs et des masses pauvres ne rentrent pas dans leur schéma de pensée et d’action.

Pourtant, les luttes des travailleurs et des classes populaires existent. D’où viendraient toutes ces grèves, ces revendications, ces fièvres sociales périodiques ?  Sinon de cette classe des pauvres et des déshérités. Il fut un temps où les PC  G et M  leur étaient liés. Mais plus maintenant. Il appartient aux travailleurs, aux masses pauvres de faire valoir leur existence, leur force sur le terrain politique. Si les travailleurs veulent sortir de la domination coloniale et de l’impérialisme français, la seule issue réside dans le fait que pour arracher le pouvoir, pour renverser le pouvoir politique et économique du capitalisme avec son variant le colonialisme, il faut qu’ils se donnent comme perspective de construire un Parti communiste révolutionnaire.

C’est dans cette perspective que milite notre groupe Combat Ouvrier. Ce parti ne pourra exister que si une avant-garde ouvrière renoue avec la conscience de classe en voie de disparition. Il y aura de nouvelles grandes luttes ouvrières. Les travailleurs et les masses pauvres y joueront un rôle dirigeant dans la société à la condition de préserver leur indépendance politique de tout le milieu bourgeois et petit bourgeois qui cultive des illusions pour les tromper. Eux seuls seront capables de réaliser leur propre émancipation ainsi que celle de toute la société colonisée. Car s’ils sont une force politique révolutionnaire de classe ils lutteront aussi bien pour s’émanciper du colonialisme que de l’oppression de classe de la bourgeoisie.