CO N°1313 (7 octobre 2023) – Haïti – Quand les pires assassins parlent de « vivre ensemble »

Les habitants de la localité de Saut-d’Eau ont été attaqués vendredi 29 septembre par un gang sévissant dans le Plateau Central. Le maire fait état d’au moins onze morts, plusieurs maisons incendiées et de nombreux blessés.

Ce massacre vient en représailles d’un épisode du trafic d’armes qui alimente les gangs depuis Saint-Domingue. Il semble qu’une livraison ait été interceptée par des policiers et des habitants de la zone. Lors de l’affrontement plusieurs bandits ont été tués, une cargaison d’armes et de munitions a été escamotée, soulevant la colère des bandits.

Cet épisode vient contredire les discours apaisants de la part de certains chefs de gangs. Notamment dans la zone de Port-au-Prince, le chef de gang « Barbecue » a lancé un appel à l’unification des gangs comme il l’a fait dans son gang « G9 an fanmi et alliés ». Une opération nommée « Viv ansanm » (vivre ensemble), où ils promettent à la population de vaquer librement à ses activités sans craindre les kidnappings, ou les assassinats dans toutes les zones contrôlées par le G9.

Par ces manœuvres et autres promesses, les chefs de gangs essaient de stabiliser leur zone d’influence respective, voire de rassurer les habitants et de les faire revenir dans les quartiers qu’ils ont fui. Pour les gangsters s’il n’y a pas d’habitant, il n’y a personne à racketter ! Les habitants l’ont bien compris et ne se font aucune illusion sur les annonces des gangs.

Les habitants n’attendent pas grand-chose non plus d’un débarquement militaire. Le Premier ministre a appelé à l’envoi d’un contingent armé de l’ONU pour soutenir la police haïtienne face aux gangs. Le Kenya s’est engagé à diriger une force de sécurité multinationale.

Dans les quartiers populaires le quotidien est la lutte contre la famine qui s’aggrave. Ceux qui ont été délogés vivent sous des abris de fortune dans des espaces publics. Ceux qui travaillent dans les rares usines ouvertes sur la zone industrielle ne touchent pas assez pour se payer les denrées de base dont les prix flambent.