Le 1er janvier 1959, après plusieurs années de guérilla, Fidel Castro et une partie des siens s’emparent de la ville de Santiago de Cuba dont il fait la capitale provisoire. Le même jour, ses troupes, le « Mouvement du 26 juillet », s’emparent de la Havane sous le commandement d’Ernesto Guevara. Fidel Castro entre à la Havane le 8 janvier sous les ovations de la foule. La dictature de Fulgencio Batista est tombée.
Cuba, colonie
Cuba, qui fut une colonie espagnole jusqu’en 1898, se retrouva rapidement sous la coupe de l’impérialisme américain. Après la Seconde Guerre mondiale, la capitale la Havane est un foyer de corruption, dominée par la mafia américaine : drogue, casinos, prostitution. Cuba est surnommée « le bordel des Amériques ». En dehors de la ville, la population est réduite à la misère, 500 000 paysans n’ont que trois à quatre mois de travail par an. Un quart des habitants sont illettrés. Les régimes corrompus vont se succéder.
Le 10 mars 1952 un général, Fulgencio Batista prend le pouvoir par un coup d’État. Il instaure une dictature militaire sur l’île, réprimant sévèrement ses opposants. C’est dans ce contexte qu’a lieu la révolution menée par Fidel Castro.
Fidel Castro, un jeune avocat Cubain, a rejoint le Parti du Peuple Cubain, un parti nationaliste qui s’oppose au gouvernement de Batista. Le parti est rapidement dissous. Le 26 juillet 1953, Fidel Castro et 150 de ses compagnons s’attaquent à la caserne de la Moncada située près de Santiago, en espérant créer un soulèvement de la population contre Batista. L’opération échoue, le groupe subit une sévère répression et Fidel Castro est emprisonné. La figure de Castro devient alors dans la population un symbole de la lutte face à la dictature.
En 1955, Fidel Castro est libéré, il s’exile et crée au Mexique une organisation de résistance : le « Mouvement du 26 juillet, ou M-26 ». À Cuba il y a de l’agitation, les étudiants se mobilisent, les travailleurs de la canne font grève, l’armée aussi est agitée. En décembre 1956, Fidel Castro, rejoint par plusieurs partisans dont Ernesto Guevara, débarque à Cuba avec 81 hommes. Une grande partie d’entre eux sont massacrés par l’armée de Batista. Les survivants se réfugient dans les montagnes, la Sierra Maestra. C’est là que petit à petit le groupe de guérilleros va se renforcer. Il reçoit le soutien des paysans pauvres de la sierra puis de la classe moyenne des villes qui ne supporte plus la dureté du régime.
Dès 1957 ils mènent des attaques ponctuelles dont certaines sont victorieuses comme celle de la caserne de La Plata. Le 30 juillet 1957, un des leaders du M-26 est assassiné. Il s’ensuit une grève générale qui démarre à Santiago et se répand dans tout le pays. En 1958 Batista met le pays en état de siège et durcit la censure. En mai 1958 après un appel à la grève manqué, lancé par Fidel Castro, Batista décide d’envoyer 10 000 hommes dans la Sierra Maestra pour éliminer les guérilleros. L’offensive de Batista échoue tandis que l’armée rebelle gagne toujours plus de territoires.
La chute de Batista
Les États-Unis finissent par lâcher Batista qui ne leur est plus d’aucune utilité. Batista s’enfuit le 31 décembre 1958 à Saint-Domingue avec 40 millions de dollars en poche. Le lendemain, 1er janvier 1959, les troupes de Castro s’emparent du pouvoir.
Le 8 janvier à la Havane, le nouveau gouvernement s’installe, Fidel Castro s’adresse au pays et demande à la population de restituer les armes à l’armée et de retourner au travail « À partir d’aujourd’hui, les festivités de la révolution sont terminées ; demain sera un autre jour de travail comme n’importe quel jour ».
Fidel Castro et ses camarades combattants voulaient libérer Cuba de la dictature féroce et corrompue, à la solde des compagnies américaines. Ils voulaient mettre fin au pillage, permettre un certain développement agricole et industriel, et sortir la population de sa misère noire. Ce qu’il parvint à faire, en nationalisant les compagnies, en rendant l’instruction obligatoire, la santé gratuite. Il réduisit au sein d’un pays pauvre les grosses inégalités malgré l’embargo des États-Unis.
Il s’appuyait sur la population des campagnes, sur une partie de la petite bourgeoisie des villes, et reçut même au début le soutien de bourgeois libéraux. Il aspirait au développement d’une bourgeoisie nationale qui permettrait à Cuba de prendre sa place parmi les autres nations.
Cuba et l’URSS
Mais le contexte mondial était dominé par l’antagonisme entre les deux blocs, impérialisme nord américain et bureaucratie soviétique. L’impérialisme US n’acceptait pas que se développe à sa porte un régime échappant à son influence.
Castro et son régime ont alors cherché un appui économique et politique du côté de l’URSS, deuxième puissance mondiale à l’époque.
La révolution cubaine, une révolution populaire bourgeoise
La révolution cubaine n’a pas été l’œuvre de la classe ouvrière. Ce n’est que vers la fin de la révolution paysanne dirigée par les castristes que les travailleurs des villes se sont mis en grève et ont rejoint la révolution, Mais ils n’en n’ont jamais eu la direction politique. Aucun parti n’avait ce programme.
Pour Castro il n’a jamais été question de rompre avec l’impérialisme et la bourgeoisie cubaine par une révolution des travailleurs en armes qui exproprient cette bourgeoisie. Il n’était pas question de laisser les masses diriger, encore moins de leur laisser les armes. Cette révolution n’a donc pas fait disparaitre les rapports de domination. La nature de la société n’a pas changé, les différentes classes ont surtout été appelées à se rassembler contre l’impérialisme américain. La révolution castriste fut une révolution nationaliste, populaire et bourgeoise.
Jamais les révolutionnaires castristes n’ont cherché à s’appuyer sur la classe ouvrière des pays d’Amérique latine ou des USA. Ils ont cherché à construire un État national pouvant échapper à l’impérialisme américain.
Cependant la puissance populaire de la révolution cubaine aura permis que jusqu’à aujourd’hui l’impérialisme américain, malgré toutes ses tentatives, n’a jamais pu renverser le régime cubain.
Ce n’était pas suffisant pour créer un système économique qui permette aux masses cubaines de sortir du sous développement et de la misère. Mais au moins échappaient-elles à une misère bien plus grande qui sévit dans nombre de pays d’Amérique latine dominés par les grandes sociétés capitalistes. Elles n’ont connu ni la dictature des généraux brésiliens ni celle de Pinochet au Chili.
La future révolution ouvrière cubaine et d’Amérique latine, seule chance des travailleurs et des exploités des années à venir
Cette expérience des masses cubaines marque la conscience collective. Mais une révolution dirigée par une petite bourgeoisie, même pauvre, ne peut pas constituer un exemple ou un point de départ pour ébranler le système capitaliste. Cuba est resté isolé, comme un fort assiégé, au sein d’un monde capitaliste.
À Cuba comme ailleurs, seule une classe ouvrière organisée en parti communiste révolutionnaire pourra mener une révolution qui soit un premier pas vers le renversement de ce système pourrissant.