CO N°1321 (10 février 2024) – France – Mobilisation des agriculteurs

La révolte des agriculteurs touche toute l’Europe. En France, depuis le 18 janvier 2024 ils expriment leur colère par des actions fortes, des blocages d’autoroutes, des descentes dans les magasins de la grande distribution…

Les agriculteurs dénoncent la hausse de leurs charges, notamment celle du gasoil non-routier. Ils dénoncent la concurrence des autres pays qu’ils estiment déloyale. Elle n’est en réalité pas plus impitoyable que la concurrence entre un petit paysan français et un gros exploitant aussi français. Ils dénoncent la baisse de leurs revenus. Certains paysans ont du mal à se verser l’équivalent d’un SMIC, alors que les industries d’agro-transformation ou les marques de grande distribution auxquelles ils vendent leur matière première se font un argent fou (Carrefour, Leclerc, Auchan, Lactalis…). Les difficultés qu’ils rencontrent les amènent même parfois à se suicider.

La mobilisation a forcé le gouvernement à céder sur certaines revendications. Il a débloqué 400 millions d’euros en subventions et exonérations. Mais ces mesures bénéficieront avant tout aux plus grosses exploitations. Satisfaites des annonces du gouvernement, elles ont appelé à la suspension du mouvement. Les petits agriculteurs eux comptent poursuivre leurs actions.

La concurrence libre, qu’elle vienne d’une entreprise de l’étranger ou française, écrase les petits possédants comme les paysans. C’est même une loi du capitalisme, la loi du plus fort. Pour autant, les petits propriétaires restent attachés à la propriété privée capitaliste, car ils ne voudraient bien sûr pas perdre la leur.

C’est pourquoi la perspective de renverser le capitalisme pour en finir avec la loi du plus fort ne peut être portée au plus loin que par les exploités qui n’ont que leur force de travail pour vivre, c’est-à-dire les travailleurs salariés. Ils sont les seuls à n’avoir aucune attache à ce système : ni petit commerce, ni petite entreprise, ni terre à capitaliser.

La mobilisation des agriculteurs doit être un exemple de combativité pour les tous les travailleurs. Apprenons à nous organiser et à lutter pour défendre nos conditions d’existence, et surtout pour offrir une autre perspective à la société : celle d’une société débarrassée de la propriété privée sur les grands moyens de production, celle d’une organisation planifiée et rationnelle de la production agricole et industrielle pour satisfaire les besoins de tous, car les moyens de le faire existent.