CO N°1321 (10 février 2024) – Martinique – Il y a 15 ans : la grève de 2009

En Martinique, c’est le 5 février que démarre la grève générale. Des milliers de travailleurs se sont mobilisés dans la rue et dans leurs entreprises pendant 38 jours.

La vie chère et les bas salaires exaspéraient les travailleurs. C’est dans ce contexte qu’une intersyndicale s’est créée réunissant les principaux syndicats. Depuis décembre 2008, l’intersyndicale organisait des réunions, des meetings, dans différentes communes de l’île.

L’intersyndicale appela à une grève générale le 5 février. Ce jour-là, 20 000 manifestants   dévalèrent dans les rues de Fort-de-France. Les slogans sur les prix des denrées et l’augmentation des salaires fusaient. Le chant de la grève surgit aussi : « Matinik sé tan nou, Matinik sé pa ta yo, an bann bétché volè, nou ké fouté yo déwo ». Il sera repris par les manifestants tout au long du mouvement.

Le jour même, le préfet de Martinique, déjà alerté par l’importance des mobilisations en Guadeloupe, décide d’organiser des négociations entre organisations syndicales, patronales et aussi Conseil général et Conseil Régional. Mais devant l’ampleur de la mobilisation et la détermination des manifestants, la grève est reconduite.

Le Collectif du 5 février – K5F – est constitué. Il regroupe les organisations syndicales et diverses associations affirmant lutter contre les injustices, les inégalités et l’exploitation qui bénéficient à l’État français, aux gros possédants békés et autres capitalistes locaux. Il est reconnu par les grévistes et les manifestants.

Le lendemain et les jours suivants, la grève générale s’étend à de nombreux secteurs. Les grévistes rejoignent les alentours de Fort-de-France, de Schœlcher, de Ducos, mais aussi du Robert ou de Gros Morne. Des barrages bloquent les entrées de certaines zones commerciales comme à Ducos ou Place d’Armes au Lamentin.

Durant 38 jours, la grève est votée et reconduite chaque jour après le compte-rendu par les représentants du Collectif des négociations qui se déroulent en préfecture.

Le 14 mars 2009, un accord est signé entre le K5F le préfet, le patronat, les Collectivités. La grève est suspendue. Les travailleurs ont gagné 200 € d’augmentation de salaires, la baisse des prix de l’énergie ou encore de denrées alimentaires.

Le mouvement était fini mais la lutte, elle, continuait. Dans plusieurs secteurs, des travailleurs ont fait grève pour exiger l’application des 200 €. Des comités de travailleurs ont, pendant une année, imposé un contrôle sur les prix dans les supermarchés, imposant l’application des « prix BC ba » sur les produits de première nécessité fléchés par l’accord.

La grève générale de 2009 a été une occasion pour les travailleurs d’observer qu’ils peuvent faire plier les capitalistes, le grand patronat, les riches békés et l’État à leur service.