CO N°1322 (24 février 2024) – Éditorial – Comme en Russie, partout, des appareils d’État criminels

Alexeï Navalny, l’un des principaux opposants à Vladimir Poutine, est mort en Russie le 16 février, dans une prison reculée de l’Arctique. Pour l’heure, l’administration ne veut pas remettre son corps à sa famille.

Il a probablement été assassiné directement en prison ou alors sa mort est due à ses emprisonnements multiples dans des camps à régime sévère. Il avait aussi il y a quelque temps été empoisonné par les services secrets russes et avait failli mourir.

Navalny dénonçait la corruption du régime et de Poutine lui-même. Mais cela n’en faisait pas un ami des travailleurs et des masses pauvres. Il était nationaliste russe. Il l’était jusqu’à avoir tenu dans le passé des propos racistes contre les Tchétchènes ou d’autres nationalités. Il était un représentant de la petite et moyenne bourgeoisie qui promeut l’idée qu’il faudrait en Russie un régime capitaliste « honnête » « comme en Occident ».

Les dirigeants occidentaux, Biden et Macron et tous les autres qui se disent indignés par l’assassinat de Navalny sont bien hypocrites. Car eux aussi savent emprisonner, ou liquider les opposants qui les gênent.

Dans les années 1960, pendant la grande révolte des Noirs américains, le pouvoir américain a fait assassiner des leaders noirs comme Malcolm X, Martin Luther King et ceux du Black Panther Party. Mumia Abu Jamal, journaliste et militant du Black Panther Party, est emprisonné depuis 43 ans ! Il avait été condamné à mort en 1982 pour le meurtre d’un policier blanc qu’il n’a pas commis. Mais jusqu’à présent les autorités américaines refusent de le libérer alors qu’il est gravement malade.

Aujourd’hui, l’exemple de Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, est flagrant. Il avait dévoilé au monde à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines. Il purge une peine de prison au Royaume-Uni et risque 175 ans de prison aux USA. Son épouse craint pour sa vie. Il semble déjà très mal en point physiquement.

Dans ces « mises hors d’état de nuire », les dirigeants de l’État français ne sont pas en reste. Leur complicité dans la liquidation physique de dirigeants africains ne fait plus de doute. Le cas de Félix Moumié, dirigeant de l’Union des populations du Cameroun, illustre ces crimes. Ce dernier luttait pour l’indépendance de son pays, il a été empoisonné à Genève et en est décédé.

Georges Abdallah, militant communiste libanais et combattant de la résistance palestinienne est emprisonné en France depuis 1984 alors qu’il est libérable depuis 1999. Et tout cela sur de vagues soupçons de complicité dans le meurtre de deux diplomates américain et israélien.

Quant à la liste des morts pendant leur garde à vue, ou lors de manifestations, victimes de soi-disant bavures policières, elle serait trop longue pour l’exposer ici. Il y a le jeune Naël qui fut tué à bout portant par un policier qui l’accusait de refus d’obtempérer.

Souvent le racisme vient s’ajouter à la punition qu’il faut infliger à ceux qui ne se courbent pas devant la police. Qu’on repense à la mort d’Adama Traoré, ce jeune africain décédé après une arrestation brutale. Il y a le jeune homme tué d’une balle perdue ou pas à Marseille durant les grandes émeutes de banlieues.

Les voilà leurs belles démocraties occidentales. La Russie n’est pas la championne du crime d’État et de la répression générale. Tous ces États, à leur manière, exercent leur dictature. Que ce soit celle de la bourgeoisie d‘occident pour sauvegarder ses profits financiers derrière le paravent troué de la démocratie, que ce soit celle de la bureaucratie russe, celle des oligarques prêts à tout pour conserver leurs         privilèges.