Après des manoeuvres de toutes sortes, le Président sortant Macky Sall s’est décidé à libérer les manifestants emprisonnés. Lors des manifestations qui ont précédé le vote, la police, encore sous ses ordres, a fait 60 morts !
Deux militants du Pastef, parti interdit depuis juillet 2023, étaient emprisonnés : Ousmane Sonko le fondateur du Pastef (Parti des patriotes Africains Sénégalais pour le travail, l’éthique et la fraternité), et Diomaye Faye, le candidat du Pastef, à la place de Sonko, qui n’avait pas eu le droit de se présenter. Ils ont été libérés le 14 mars, alors que la campagne électorale, déjà réduite pour tous, avait commencé le 9 !
La victoire de Diomaye Faye
Finalement malgré les persécutions contre les militants du Pastef, Diomaye Faye, 44 ans, a été élu Président du Sénégal avec 54,28 % des voix, devant Amadou Ba l’ex-premier ministre du président sortant Macky Sall, 35,79 %. Il apparaît que le 24 mars 2024, date imposée par le Conseil constitutionnel, suite aux de Macky Sall, les jeunes ont surtout voté pour « la rupture » et donc pour Diomaye Faye. Celui-ci dénonce la corruption très développée dans le pays et déclare lutter contre elle, contre les injustices sociales, le coût de la vie, et pour l’emploi, la formation des jeunes, l’affirmation de souveraineté économique et la réforme des institutions.
La victoire de Diomaye Faye, avant même d’être officiellement déclarée, a fait l’objet de manifestations de masse. Les autres candidats, ils étaient 19 au total, n’ont pas contesté sa victoire.
Les difficultés qui attendent le nouveau président sont débattues publiquement : le déficit important du budget de l’État, le fait qu’au parlement ce nouveau président n’aura pas la majorité car les députés sont plus nombreux à soutenir les idées du précédent président Macky Sall. La collaboration avec son camarade de combat Ousmane Sonko est discutée aussi. Certains parlent de Sonko premier ministre ou vice-président ! Affaire à suivre !
Le président Macron s’est empressé de faire ses propositions de collaboration au nouvel élu. Il n’est pas certain que Diomaye Faye accepte de continuer la politique de soumission à l’impérialisme. Jusqu’ici son attitude a été en contradiction avec toutes sortes de corruption, il a déjà affirmé qu’il voulait la fin du franc CFA. Ce ne serait pas le premier pays africain à se débarrasser de cette organisation financière, véritable pillage par la France. Macron fait savoir qu’il aurait eu une conversation avec Diomaye Faye. Ce Président sort de « 11 mois dans une prison de 9 mètres carrés ! » sans avoir été jugé !
Faye et Sonko sont des nationalistes africains. Leur combat c’est « le Sénégal », ce n’est pas la lutte pour défendre en priorité les intérêts des travailleurs et des masses pauvres. En tant que nationalistes ils ne s’attaqueront pas aux privilèges des possédants sénégalais ni aux intérêts de l’impérialisme français et mondial. Seul un régime révolutionnaire dirigé par les travailleurs pourrait le faire. Ce qu’on peut craindre donc c’est que la jeunesse sénégalaise et une grande partie de l’opinion qui rejettent la politique de Macky Sall se fassent encore des illusions sur les nouveaux dirigeants et sur le nouveau régime. Car ces derniers reposent sur le système capitaliste que les nouveaux dirigeants ne remettent pas en cause. La déception de la population risque d’être aussi grande que son engouement actuel d’ici quelque temps.