Depuis le 1er septembre, des centaines de personnes manifestent contre la cherté de la vie. C’est l’association RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens) qui a appelé la population à se mobiliser. Elle exige la baisse des prix et leur alignement sur ceux de l’Hexagone.
Les mobilisations ont commencé dans les rues de Fort-de-France le dimanche 1er septembre. Puis des hypermarchés appartenant à de riches capitalistes tels que Hayot et Parfait, ainsi que des zones industrielles ont été bloqués.
À la mi-septembre, la colère a gagné les jeunes du quartier de Sainte-Thérèse, à Fort-de-France. Ils ont affronté les forces de l’ordre. Suite à ces nuits de violence, le Préfet annonça la venue de la CRS 8, une unité spécialisée en violences urbaines.
Les mobilisations ont gagné également les organisations de travailleurs. Le 20 septembre, la CGTM a déposé un préavis de grève de 24 heures reconductible qui court toujours. Le 26 septembre, 600 travailleurs ont manifesté dans les rues de Fort-de-France. Le 1er octobre, plusieurs syndicats ont appelé à la grève et à la manifestation. Il y eut un bon millier de participants. Le 10 octobre, la Martinique se réveilla avec des barrages érigés du nord au sud de l’île. Presque toutes les communes furent touchées.
Dès le mois de septembre, des négociations ont eu lieu à la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) entre le Préfet, le Président de la CTM, les représentants de la grande distribution, les transporteurs CMA-CGM et le RPPRAC.
Le mercredi 16 octobre, un accord a été signé entre les parties. Mais le RPPRAC a refusé de signer car seulement 6 000 produits sur un total de 40 000 sont concernés. Plus de 2 000 personnes ont répondu samedi 19 à l’appel du RPPRAC à se rassembler à Fort-de-France.
On ne peut que comprendre la colère de la population : un pack de lait qui coûte 6,30 € en France coûte en Martinique 9,95 €. Ou encore le pot de 750 g de compote de pomme qui coûte en France 1,49 €, est à 5,49 € en Martinique, ce qui représente une augmentation de 268,46 %.
Mais pour faire baisser très fortement les prix, il faudra exiger que ces grandes entreprises de la distribution dévoilent les marges exorbitantes qu’elles réalisent sur les prix des produits ! Il faut obliger Hayot et les gros possédants de la distribution à baisser leurs marges. Il faut que la CMA-CGM, qui a réalisé plus de 23 milliards de profits l’an passé, fasse de même.
La vie est chère aussi parce que les salaires, les pensions, les minimas sociaux ne suivent pas l’inflation. Il n’est pas possible de vivre dignement en deçà de 2 000 € net par mois !
Contre la vie chère, les travailleurs ont tout intérêt à s’organiser dans leurs entreprises, dans leurs quartiers. Ils peuvent s’organiser dans les syndicats et aussi créer des comités partout, sur la base de leurs propres revendications. Cette organisation des luttes en comités permettrait de mieux révéler la force révolutionnaire des travailleurs.
Car une lutte contre la vie chère allant jusqu’à son terme toucherait directement les coffres-forts des grosses sociétés capitalistes, s’attaquerait aux séquelles tenaces du colonialisme, de l’économie de comptoir et de plantation.
Les avancées déjà réalisées l’ont été en raison du rapport de force créé dans la rue. C’est ce que les travailleurs et la population de Martinique ont démontré. En haussant le niveau de combativité il est possible d’obtenir bien plus en Martinique et en élargissant la lutte au moins à la Guadeloupe voire à la Réunion et à la Guyane.
Les travailleurs et la population de Martinique montrent la voie à suivre.