CO N°1345 (1er mars 2025) – Guyane – Pétrole ou pas ?

Interpellé par le sénateur socialiste guyanais Georges Patient, le 11 février, Manuel Valls, ministre des Outre-mer, a provoqué la surprise en se disant favorable à de nouvelles campagnes de forages pétroliers en Guyane. Pourtant la loi Hulot, promulguée en 2017 interdit l’exploitation de nouveaux sites d’hydrocarbures en France !

Il faut croire que la Guyane n’est pas la France ! Les écologistes dénoncent une violation de la loi Hulot dans un contexte ou « les énergies fossiles sont responsables de dérèglement climatique » et les territoires d’Outre-mer, les premières victimes.

Les détracteurs de la loi, dont Patient fait partie, y voient une sorte de verrou colonial qui empêcherait les Guyanais d’exploiter leurs ressources. Un espoir suscité par le contexte régional, marqué par la découverte en 2015 d’un immense gisement de pétrole au Guyana et en 2021 au Surinam, des pays très voisins (700 km entre le Guyana et Cayenne).

Une partie des Guyanais voient dans ces forages une opportunité de développement économique bienvenue dans un des départements les plus pauvres de France. Mais là encore, l’exemple du Guyana montre que la majeure partie de la rente pétrolière est captée par la multinationale Exxon Mobil et que l’argent du pétrole ne bénéficie pas à la population. Pas même en termes d’emplois, car les plus qualifiés ne reviennent pas à des Guyanais, faute de formations sur le territoire.

Le pétrole reste donc un pari à court terme qui risque de détruire de façon durable par la pollution une des côtes dont les mangroves sont reconnues comme un sanctuaire unique au monde pour la biodiversité aviaire et marine.

Dans cette société basée sur le profit des riches, si pétrole il y a, ce sera comme avec le chlordécone : l’argent pour les super riches des multinationales et la pollution et les intoxications pour la population.