CO N°1349 (26 avril 2025) – Martinique – Des crimes sexistes condamnés

Après cinq jours de procès devant la cour d’assises du tribunal de Fort-de-France, le chanteur Charley Cazal, connu sous le surnom de M.O.B., a écopé de 20 années de réclusion criminelle.

Ce nouveau procès d’un violeur a choqué beaucoup de personnes. En effet, l’homme âgé de 33 ans était poursuivi pour avoir commis 22 viols et autres actes sexuels forcés, avec circonstances aggravantes. Les faits se sont déroulés entre 2015 et 2021 sur des jeunes femmes, souvent adolescentes au moment des faits. Durant le procès, le récit de ces drames avait tout du Serial thriller d’un violeur en série, jouissant d’une certaine notoriété et approchant ses victimes par les réseaux sociaux.

Durant des années les victimes ont enfoui ces moments qui ont abimé durablement leur vie. Elles ont tu leur souffrance à leur famille et à leur entourage, tant la honte, la culpabilité, ou la faiblesse les étouffaient, face à une société où persistent des préjugés voire des attitudes sexistes. Une société qui autorise encore largement ces violences commises par des hommes.

Lors de ce procès 16 femmes sur les 22 concernées ont franchi le pas de se porter partie civile et ainsi de faire face à leur agresseur. En plus des avocates qui les défendaient, elles ont été soutenues dès l’ouverture du procès par la présence de militantes d’organisations féminines, telles que l’Union des femmes de Martinique ou Culture Égalité. Durant les cinq jours, leurs banderoles et pancartes sont restées suspendues aux grilles du palais de justice, interpellant la société par « Le viol est un crime » ou « La honte doit changer de camp ».

Oui ! Pendant quelques jours, après avoir été minimisée, voire bafouée, la parole sur ce type de comportement sexiste d’un autre siècle s’est libérée. Au point que d’autres affaires, dont une récente, ont été évoquées ou sont en cours d’investigation.

En plein 21ème siècle, une telle barbarie n’est pas seulement le fait de l’agression des hommes. Elle est aussi le fruit de toute une organisation sociale basée sur des rapports d’exploitation et de domination, qui transporte et entretient de nombreuses idées réactionnaires. Seule la lutte pour une société complètement débarrassée de toutes formes d’oppression pourra assurer aux femmes et aux hommes une égalité réelle, pleine et entière.