CO N°1352 (21 juin 2025) – Martinique – Les assises populaires : combattre la vie chère ou en parler ?

Les assises populaires contre la vie chère se sont tenues à Petit-Bourg en Martinique les vendredi 13 et samedi 14 juin 2025. Dans une salle comble, on pouvait noter la présence de parlementaires de Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, de la Polynésie, de l’Hexagone, d’experts, d’économistes et aussi de syndicalistes, d’élus, d’associations.

Ils se sont succédé à la tribune pour apporter leurs points de vue sur la vie chère dans les pays d’outre-mer.

Le ministre des outre-mer, Manuel Valls, avait rappelé il y a quelques temps le calendrier et les moyens qui seront mis en œuvre, selon son projet de loi contre la vie chère. Il déclarait: « Mon ambition est d’obtenir des résultats concrets… ». Bien avant lui, François Hollande durant sa mandature avait déclaré que « combattre la vie chère dans les Outre-mer, est l’une de mes priorités ». On a vu la suite, du vent.

Déjà le député de Martinique Jean-Philippe Nilor, trouve que le projet de loi de Valls contre la vie chère est « trop timide ». Quant à Christophe Girardier, président de Bolonyocte Consulting, auteur de trois rapports sur le marché de la distribution de détail en outre-mer, souligne : « de mon point de vue, d’après ce que j’ai entendu durant ces assises populaires contre la vie chère, ce ne sont pas des mesures qui sont de nature à inverser la tendance et à changer l’ordre public économique. »

D’autre part, on apprend que des décrets et une circulaire devraient sortir du Comité Interministériel des outre-mer, le CIOM, qui se tiendra le 10 juillet. Alors, les populations des outre-mer risquent encore une fois de rester sur leur soif.

Face à une situation où ils ne voient rien de concret changer, où dans la société, c’est d’abord l’exploitation et le profit qui priment pour les plus riches et la misère pour les pauvres, les travailleurs, la classe des exploités, ont-ils quelque chose à attendre de telles initiatives ? Face à cela, certains en viennent à dire qu’un changement de statut  permettrait de résoudre ces questions de vie chère, comme par miracle !

Qu’ont-ils à attendre des appels lancés par les deux députés de Peyi-a, Jean-Philippe Nilor et Marcellin Nadeau, à l’issue de ces deux journées ?  « Il faut multiplier ces expériences » disent-ils. « Nous avons démontré, de manière magistrale, notre capacité à débattre démocratiquement entre nous. ». La belle affaire, à un moment où les gros capitalistes et leur système, en crise à l’échelle internationale, mènent des guerres féroces. Pour être en mesure de tenir tête aux gros possédants, les responsables de la vie chère et leurs complices, de les faire céder, la classe ouvrière aurait plutôt intérêt à se renforcer. Il lui faudrait créer son propre rapport de force, en se donnant les moyens de s’organiser indépendamment des hommes politiques, des élus, dans leurs entreprises, dans leurs quartiers, par la mise en place de comités issus d’eux et contrôlés par eux.

Les travailleurs n’ont pas d’autres choix pour combattre la vie chère : obliger le grand patronat à mettre la main à la poche en prenant sur ses profits. Augmenter les salaires, les pensions et les revenus sociaux à 2000 euros net minimum voilà ce qu’il faudrait.