CO N°1353 (5 juillet 2025) – Martinique – 27 juin 1943, mutinerie du camp de Balata et mobilisations populaires

Durant la Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945, le 27 juin 1943, a lieu la mutinerie du camp de Balata au nord de Fort-de-France. L’amiral Robert, haut-commissaire du gouvernement de Vichy en charge des Antilles, menace de tirer sur les soldats rebelles.

Le 28 juin, près de 2000 personnes manifestent à nouveau à Fort-de-France.  L’amiral Robert renonce à réprimer et se réfugie sur le croiseur Émile Bertin. Il est contraint de quitter la Martinique le 15 juillet 1943.

Depuis 2009, cet épisode militaire, jusque-là passé sous silence par l’État français, est commémoré. Patricia Mirallès, ministre française, chargée de la mémoire et des anciens combattants en tournée aux Antilles du 27 au 29 juin dernier dans le cadre du 82ème anniversaire de la Résistance française, disait dans une interview au journal France Antilles : « Le 27 juin 1943, les 220 soldats se sont soulevés, sans rien réclamer pour eux-mêmes : ils exigeaient un chef qui incarne la France libre, le commandant Tourlet a pris leur tête… et proclamé le ralliement de l’île au général De Gaulle ». Elle poursuivait  : « Cet épisode n’est pas marginal, c’est un tournant majeur dans la libération des Antilles et de toute la France…. ».

Cette reconnaissance tardive des actes de bravoure des jeunes Antillais rebelles par les autorités françaises n’est pas dénuée de calculs politiciens pour faire la promotion de l’armée française. Elle ne fait pas cas de l’importance de la montée du mécontentement et de la poussée de colère des masses populaires dans lesquelles ces évènements se sont déroulés.

Ainsi, le 24 juin 1943, malgré l’interdiction de la manifestation, plus de 10 000 personnes descendent dans les rues de Fort-de- France aux cris de « vive la France, vive De Gaulle ». Un Comité de libération a appelé la population à manifester à la date anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 du général De Gaulle. Les manifestations gagnent Saint-Pierre.

Avec l’entrée en guerre des Américains en 1942, les Antilles sont soumises à un blocus maritime de plus en plus sévère. Les masses subissent pénuries alimentaires, restrictions de toutes sortes, mais aussi vexations et brimades du régime policier et raciste de l’amiral Robert.

En répondant à l’appel à manifester du Comité de libération le 24 juin 1943, et en soutenant les rebelles du camp de Balata, des Antillais se mobilisent contre la guerre, pour « la France libre » mais aussi pour se débarrasser du blocus, des pénuries, du racisme et du régime honni de l’amiral Robert.