Le 8 mai 1902, 30 000 personnes sont mortes, brûlées par les nuées ardentes de la montagne Pelée, le volcan actif de la Martinique.
Les faits se sont déroulés au nord-ouest de l’île, principalement dans la ville de Saint-Pierre, située au pied de la montagne Pelée. En 1902, la Martinique était une colonie française. Saint-Pierre en était la capitale. Cette dernière était surnommée le Petit Paris du fait de sa richesse, tant économique que culturelle. Les vestiges du théâtre de Saint-Pierre témoignent de l’importance de la ville à cette époque.
L’ampleur de la catastrophe aurait pu être bien moindre. Les nombreuses victimes sont dues à la décision des autorités de ne pas évacuer la population. Le second tour des élections législatives prévu le 11 mai était en jeu. Les autorités ont préféré maintenir les élections et ignorer les signes de la nature, condamnant ainsi 30 000 personnes à mort, soit un cinquième de la population de l’île.
L’éruption de la montagne Pelée a débuté le 23 avril avec des séismes, des grondements souterrains et des pluies de cendres. Le premier tour des élections législatives a eu lieu le 27 avril sous une forte odeur de soufre qui régnait dans tout Saint-Pierre et à 10 km aux alentours. Le vendredi 2 mai, quatre jours avant la catastrophe, une couche épaisse de cendres de plusieurs centimètres couvrait toute une partie du nord de la Martinique, masquant ainsi les rayons du soleil. Les jours suivants, séismes, tsunami, lahars ont bien été les signes d’une éruption dévastatrice.
La population de Saint-Pierre voyait le volcan gronder et s’inquiétait d’une éruption potentiellement mortelle. De temps en temps, les hauts fonctionnaires, parfois le gouverneur lui-même, prenaient la parole pour endormir les inquiétudes du peuple.
Le 8 mai, à 7h49, une forte explosion au niveau du volcan se fait entendre. À 7h52, une nuée ardente, composée de cendres, de gaz et de blocs volcaniques déferle sur Saint-Pierre à 500 km/h, brûlant la population, dont le gouverneur, les constructions et même les navires au mouillage sur la côte. Saint-Pierre fut rasée en quelques secondes.
Le 15 mai 1902, Rosa Luxembourg, dirigeante socialiste révolutionnaire allemande, publia un article intitulé « Martinique ». Elle y dénonce l’hypocrisie de pays coloniaux comme l’Angleterre, les États-Unis et la France, pleurant la catastrophe du 8 mai 1902 alors qu’ils sont eux-mêmes responsables de bilans meurtriers bien plus lourds, lors de guerres coloniales. : « La France pleure sur les 40.000 cadavres de l’île minuscule, et le monde entier s’empresse de sécher les larmes de la République. Mais comment était-ce quand, il y a quelques siècles, la France a versé le sang à torrents pour prendre les Petites et les Grandes Antilles ? Mais un jour viendra où un autre volcan fera entendre sa voix de tonnerre, un volcan qui grondera et bouillonnera et, que vous le vouliez ou non, balayera tout ce monde dégoulinant de sang de la surface de la terre. Et c’est seulement sur ses ruines que les nations se réuniront en une véritable humanité qui n’aura plus qu’un seul ennemi mortel : la nature aveugle. »